Donald Trump a multiplié ces derniers jours les critiques contre le président de la banque centrale américaine, auquel il reproche de lui compliquer la tâche en relevant les taux d'intérêt.

Lors d'un dîner de levée de fonds vendredi, M. Trump a déclaré qu'il s'attendait à ce que Jerome Powell - qu'il a mis à la tête de l'institution - soit un homme qui aime «l'argent pas cher» mais a laissé entendre qu'il était déçu de la remontée des taux d'intérêt, selon les propos de participants à l'événement rapportés par le Wall Street Journal et Bloomberg News.

Lundi, le président américain a réitéré ses critiques dans un entretien à l'agence Reuters en se disant «pas emballé» par le patron de la Fed.

En augmentant les taux, la banque centrale dope le dollar ce qui rend les produits américains plus chers à l'exportation et va à l'encontre des objectifs du président Trump de réduire le déficit commercial.

Élections

L'argent plus cher rend également les crédits à la consommation et immobiliers plus onéreux ce qui pèse sur les consommateurs américains, qui sont aussi des électeurs qui doivent aller aux urnes pour les législatives de mi-mandat en novembre.

C'est la troisième fois que le président américain s'en prend à la Réserve fédérale, rompant avec la tradition de ne pas commenter ses décisions publiquement pour préserver son indépendance.

Le 20 juillet, dans un entretien télévisé, M. Trump s'était dit «mécontent» de la politique monétaire, mais avait alors admis qu'il laissait les banquiers centraux «faire ce qu'ils estiment être le mieux».

Lundi, l'hôte de la Maison-Blanche, interrogé sur la nécessité de l'indépendance de la Fed, semblait plus réticent. «Je crois dans ce qui est bon pour le pays», a-t-il lancé, et d'ajouter qu'il devrait «recevoir de l'aide de la Fed».

Interrogée, la Banque centrale est restée silencieuse, rappelant seulement les propos récents du président Jerome Powell, choisi par Donald Trump pour remplacer Janet Yellen, en février dernier. Celui-ci a défendu l'indépendance de la Fed.

«À la Fed, nous savons que nos décisions comptent pour les ménages et les entreprises américaines (...). Nous mettrons tout en oeuvre pour servir notre pays avec objectivité, indépendance et intégrité», a-t-il affirmé récemment. Il a aussi expliqué que «le retour progressif des taux d'intérêt à un niveau plus normal» était «le meilleur moyen pour la Fed de maintenir un environnement dans lequel les ménages et les entreprises américains peuvent prospérer».

L'économie américaine tourne à plein régime ayant affiché une croissance de 4,1% en rythme annuel au 2e trimestre, la cadence la plus forte en 4 ans, grâce notamment aux généreuses mesures de relance budgétaire décidées par l'administration Trump. À 3,9%, le taux de chômage est proche de son plus bas niveau en cinquante ans.

Vigilante sur une résurgence de l'inflation, la  Réserve fédérale, qui a déjà relevé ses taux deux fois cette année, compte les rehausser encore deux fois d'un quart de point de pourcentage d'ici décembre.

Cela porterait le taux au jour le jour de l'argent que les banques se prêtent entre elles de 2% au maximum aujourd'hui à 2,5% à la fin de l'année.