Les destructions d'emplois ont nettement ralenti aux Etats-Unis en juillet et le taux de chômage a baissé contre toute attente, selon des chiffres publiés vendredi, qui tombent à point pour un président Obama qui cherche à convaincre de la réussite de son plan de relance.

Les tenants de la thèse selon laquelle la récession économique est en train de s'achever ont trouvé des arguments, avec des suppressions d'emplois tombés à 247 000 sur ce mois, contre 443 000 le mois précédent, d'après les statistiques du département du Travail.

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C'est mieux que ce qu'anticipaient les économistes, qui tablaient en moyenne sur 325 000 emplois détruits.

Surtout, la bonne surprise est venue du taux de chômage, descendu à 9,4% contre 9,5% le mois précédent. Ce taux n'avait pas connu de baisse depuis avril 2008.

La Maison Blanche, qui s'attend à ce qu'il grimpe jusqu'à 10%, a prévenu qu'elle maintenait cette prévision. Mais les chiffres publiés vendredi «sont une preuve de plus que nous nous éloignons du gouffre et du spectre d'une dépression», a déclaré son porte-parole, Robert Gibbs.

«C'est une rapport meilleur que prévu sur tous les chiffres clés», a confirmé Ian Shepherdson, de High Frequency Economics.

Si la première économie mondiale n'en est pas au stade où elle recréera des emplois, elle s'en est encore rapprochée.

«En juillet, les suppressions d'emplois ont continué dans la plupart des grands secteurs de l'économie», a précisé le département du Travail. Elles portent le total à 6,7 millions de postes perdus depuis le début de la récession en décembre 2007.

Mais, a-t-il ajouté, «la moyenne des emplois détruits chaque mois de mai à juillet (331 000) est environ la moitié de celle de novembre à avril (645 000)».

L'amélioration est sensible dans le secteur qui avait le plus souffert de la crise, et qui voit ses effectifs se réduire depuis 2006, l'industrie. Le nombre d'emplois a encore baissé de 128 000, après 223 000 en juin. Mais dans le secteur emblématique de l'automobile, le département du Travail fait état d'une augmentation des effectifs (+28 200).

Dans les services, 119 000 emplois ont été supprimés, après 220 000 en juin.

La Maison Blanche attribue cette amélioration relative au gigantesque plan de relance de 787 milliards de dollars promulgué en février, «remède éprouvé et fiable» selon elle.

Mais si la conjoncture économique se dégrade beaucoup moins vite qu'il y a trois ou six mois, l'avenir reste sombre pour les 14,462 millions d'Américains au chômage.

«Pour les Américains, le test du plan de relance c'est de savoir s'ils ont ou non un travail. Aujourd'hui, pour 247.000 Américains de plus et leurs familles, la relance a échoué», a souligné le député républicain Eric Cantor.

«Le nombre de chômeurs de longue durée a poursuivi sa hausse», relève par ailleurs le ministère, avec 5 millions d'Américains cherchant un emploi depuis six mois ou plus, soit un tiers des chômeurs.

S'y ajoutent 8,8 millions de personnes qui travaillent à temps partiel alors qu'elles souhaiteraient le faire à plein temps, et 6 millions disant vouloir trouver un emploi mais non comptabilisées dans la population active pour diverses raisons.

Et «les chiffres doivent être interprétés avec prudence puisque c'est un ajustement à la baisse du taux d'activité qui a abouti à une légère baisse du taux de chômage», a relevé Elsa Dargent, de Natixis. Le taux d'activité, qui mesure le nombre de personnes ayant un emploi rapporté à celles qui sont en âge de travailler, a chuté de 3,3 points depuis le début de la récession, pour tomber à 59,4% en juillet.