Québec injectera 450 millions de dollars sur deux ans dans des travaux sylvicoles dans les zones d'exploitation forestière, soit 225 millions en 2015-2016 et la même somme en 2016-2017, mais n'est pas encore prêt à annoncer une révision de la limite nordique d'exploitation.

L'annonce des investissements a été faite lundi par le premier ministre Philippe Couillard à Dolbeau-Mistassini, dans sa circonscription de Roberval au Lac-Saint-Jean.

Les investissements en travaux sylvicoles sont habituellement annoncés sur une base annuelle, mais la décision d'en faire une annonce sur deux ans vise à assurer une plus grande sécurité aux travailleurs forestiers qui oeuvrent dans ce domaine.

«Il y a des millions de mètres cubes de bois qui vont être disponibles pour la récolte», a soutenu le premier ministre lorsqu'un journaliste lui a fait part des craintes exprimées localement quant à la disponibilité de la ressource forestière.

Il a ajouté que toutes les décisions touchant l'exploitation forestière tiendront compte des contraintes environnementales, mais aussi et surtout des populations locales.

«Toutes les actions qu'on va poser, que ce soit en protection de territoire, que ce soit sur la question du caribou forestier, vont passer par le prisme d'analyse de l'impact sur l'emploi. (...) Le développement durable, ça comprend aussi les familles humaines qui vivent sur le territoire, particulièrement dans le domaine forestier», a rappelé M. Couillard.

Les investissements annoncés lundi sont axés sur l'entretien des zones en exploitation, la planification forestière, l'exécution, le suivi et le contrôle des interventions en forêt, le mesurage des bois et l'attribution des droits forestiers.

Repousser la limite nordique?

Interrogé sur la possibilité de repousser la limite nordique d'exploitation, Philippe Couillard n'a pas voulu s'aventurer sur ce terrain, se contentant de dire que des scénarios sont à l'étude et que le ministre des Forêts, Laurent Lessard, devrait présenter ses recommandations «bientôt». Il a cependant pris soin de souligner que cette limite avait déjà une utilité protectrice.

«Je vous rappelle qu'une grande partie du troupeau de caribou forestier est déjà au nord de la limite de forêt exploitable. On est conscient de ça», a-t-il dit.

Des industriels n'ont pas caché dans le passé leur intérêt pour cette ressource située, de façon générale, au nord du 51e parallèle.

Établie dans les années 1970 et modifiée à quelques reprises depuis, la limite nordique vise à protéger des zones forestières qui ont plus de difficultés à se régénérer et qui sont moins résilientes que celles plus au sud. Des études indiquent que l'exploitation industrielle au-delà de la limite nordique pourrait y mettre en péril les écosystèmes forestiers ainsi que la conservation de la biodiversité.

Relance de l'usine de Chambord

Le premier ministre Couillard n'a par ailleurs pas caché une certaine impatience lorsque la question d'une relance de l'usine Panneaux Chambord, dans la municipalité du même nom, a été soulevée.

M. Couillard a choisi une image assez percutante pour avertir le propriétaire de l'usine, la firme Louisiana Pacific, que les tergiversations avaient assez duré.

«Je vous dirais que la main du gouvernement est autour du bois de cette usine-là. Et ils sont mieux de donner des garanties très précises avec des dates, des investissements et des jobs, sinon ici, dans cette salle et ailleurs, il y a du monde qui sait quoi faire de ce bois-là», a déclaré le premier ministre.

Fermée depuis 2008, mais entretenue pour une éventuelle relance par la compagnie Louisiana Pacific, l'usine détient toujours des droits de coupe sur les espèces feuillues du secteur, ce qui restreint l'accès aux exploitants de bois résineux.

Louisiana Pacific affirme qu'elle est à préparer une proposition pour le gouvernement du Québec concernant cette usine, dont la relance pourrait générer de 400 à 500 emplois directs et indirects dans une région dont l'industrie forestière a été durement éprouvée au cours des dernières années.