Les Cris de Mistissini s'opposent toujours au projet d'uranium Matoush, que développe la société Ressources Strateco dans les monts Otish. Un accord imminent sur l'information et la communication entre les deux parties pourrait toutefois ouvrir la voie au programme d'exploration souterraine de la société.

Cette entente de quatre ans - la durée prévue du projet d'exploration - mettrait en place un mécanisme d'échange d'information continu, incluant la nomination d'un agent de liaison cri. L'accord devrait être conclu avant le Nouvel An, indique le chef de Mistissini, Richard Shecapio. «L'entente a été préparée par les Cris et nous sommes prêts à signer», affirme pour sa part le président et chef de la direction de Strateco, Guy Hébert. Il ne reste que quelques détails à régler, note-t-il.

Si M. Hébert affirme que l'entente permettrait à Strateco de lancer la prochaine phase d'exploration, le chef Shecapio refuse de le confirmer. «Je ne peux pas faire de commentaires à ce sujet», dit-il.

Toutefois, ce nouveau développement ne marquerait en aucun cas une approbation ou un soutien de la nation autochtone à l'égard du controversé projet d'uranium, insiste le chef Shecapio. À la fin de la semaine dernière, les discussions entre les deux parties n'avaient pas permis de déterminer comment serait vérifiée l'acceptabilité sociale du projet, a précisé le chef.

Contre le projet à 93%

Ressources Strateco, établie à Boucherville, a mis au jour un gisement d'uranium sur le territoire cri de Mistissini. La société travaille sur la propriété depuis 2006, mais souhaite maintenant poursuivre l'exploration sous terre afin de confirmer et préciser des données sur quatre volets: la quantité d'eau souterraine, les niveaux de radiation et de radon, de même que la méthode de minage.

Strateco prévoit la construction d'une rampe d'exploration et le minage de 700 tonnes de minerai, qui demeureront sous terre. Les Cris avaient marqué leur nette opposition à ce projet d'exploration avancée lors des audiences publiques tenues en novembre 2010. Dans une rencontre publique de la communauté de Mistissini, la veille des audiences, 93% des participants s'étaient prononcés contre le projet.

Lors d'une visite de La Presse à Mistissini, au mois d'août dernier, le chef Shecapio a réitéré l'objection de la population. «La communauté a parlé contre le projet, rappelait-il. Nous sommes ouverts à davantage de consultation, mais le type de minéral pose problème. On a demandé des informations supplémentaires à Strateco concernant l'impact sur les eaux souterraines. [...] Nos inquiétudes n'ont pas été apaisées par la société.»

Autorisations essentielles

Dans un entretien téléphonique la semaine dernière, M. Shecapio a affirmé que la démarche de consultation de Strateco, qui croyait avoir l'appui des autochtones jusqu'aux audiences de novembre 2010, avait été dirigée vers un trop petit groupe de gens, et non vers l'ensemble de la communauté.

Dans le cadre de la Convention de la Baie-James, Strateco doit obtenir les autorisations de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et du ministère de l'Environnement du Québec pour aller de l'avant avec son projet. Il est plausible de croire que l'absence d'acceptabilité sociale retarde les autorisations.

«Une entente avec les autochtones est un prérequis pour l'autorisation du projet», concède le président et chef de la direction de Strateco, Guy Hébert. Selon lui, le protocole d'entente permettrait aux Cris de prendre une décision plus éclairée, d'avoir l'information dont ils ont besoin. «Mais je ne peux pas appeler cela une approbation», précise-t-il. Il croit néanmoins que cela sera suffisant pour obtenir l'aval des autorités pour la suite de l'exploration.

Si le projet d'exploration va de l'avant et qu'il est concluant, Strateco devrait repasser par un nouveau processus d'audiences publiques pour la construction d'une éventuelle mine.