Les cours des métaux précieux ont accéléré leur chute cette semaine, emportés à l'instar des autres matières premières par les déboires de la zone euro, qui ont précipité le prix de l'once d'or sous 1600$, à son plus bas niveau depuis fin septembre.

OR

Le métal jaune, considéré traditionnellement comme la valeur refuge par excellence, ne profite pourtant pas de l'interminable crise des dettes européennes: au contraire, le prix de l'or a même perdu singulièrement de son éclat ses dernières semaines, et fortement accéléré sa chute cette semaine.

Le cours de l'once d'or a ainsi abandonné jusqu'à 8% de sa valeur, s'effondrant de plus de 80 $ sur la seule journée de mercredi et descendant jeudi à 1560,97$, son plus bas niveau depuis le 26 septembre.

En l'espace de trois mois, il a reculé de 18%.

«L'or évolue clairement à l'unisson des actifs jugés risqués, comme les marchés boursiers... Cela peut suggérer une aggravation de la crise des liquidités à laquelle sont confrontés banques et investisseurs, qui préfèrent vendre leur or pour se procurer de l'argent frais», a expliqué Ross Norman, directeur du courtier spécialisé Sharps Pixley.

Le plan présenté au cours du sommet européen des 8 et 9 décembre, et dont la mise en place paraît déjà compromise, n'a guère convaincu les marchés, pas plus que les agences de notation financière - laissant planer la menace d'une dégradation de la note française.

«Entre la montée des risques, les besoins de liquidités, et le net renforcement du dollar face à un euro sous pression, les prix de l'or ont déraillé», a confirmé Suki Cooper, analyste de Barclays Capital.

«Et cette baisse a été exacerbée mercredi par la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed)» de maintenir sa politique monétaire accomodante sans nouveau programme de relance, a ajouté Mme Cooper.

Un cocktail propre à précipiter les investisseurs vers la monnaie américaine, considérée comme archi-sûre - mais ce renchérissement du billet vert, monté à son plus haut niveau depuis janvier face à l'euro, rendait d'autant moins attractifs les achats de métaux précieux libellés en dollars...

«Par ailleurs, il est normal que certains opérateurs ayant investi sur l'or décident d'engranger quelques bénéfices avant la fin de l'année», et leur désengagement affecte d'autant plus les prix que volumes d'échanges deviennent «particulièrement réduits» à l'approche de Noël, a ajouté M. Norman.

Signe de la désaffection des investisseurs, le plus grand fonds d'or coté dans le monde, SPDR Gold Trust, a vu le niveau de ses participations reculer cette semaine de 1,2%, à 1279 tonnes - un plus bas depuis un mois.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1594 $ contre 1709 $ une semaine auparavant.

ARGENT

L'argent a de nouveau imité les fluctuations du métal jaune, perdant jusqu'à 12% et descendant jeudi à 28,13 $, son plus bas niveau depuis fin septembre, avant de limiter ses pertes vendredi.

L'once d'argent a terminé vendredi à 29,78 $ contre 32,00 $ sept jours auparavant.

PLATINE/PALLADIUM

Les cours des platinoïdes, dans le sillage de l'or, «n'ont pas été épargnés par le mouvement de liquidation générale sur le marché des métaux précieux», ont relevé les analystes du négociant spécialisé Johnson Matthey.

L'once de platine a plongé de plus de 180 $ (-11%) en l'espace de quatre jours, tombant jeudi à 1378,50 $, son plus bas niveau depuis novembre 2009.

Par ailleurs, platine et palladium, dont le principal débouché est l'industrie automobile, ont pâti du relèvement par la Chine des droits de douane sur certaines importations de voitures américaines, «ce qui suscite des inquiétudes sur la progression des ventes automobiles dans le plus grand marché automobile du monde», observait-on chez Johnson Matthey.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1424 $ contre 1496$ une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 624$ contre 670$ sept jours plus tôt.