Le Japon a besoin de métaux et le Québec peut lui en offrir en quantité, a fait valoir mercredi le premier ministre Jean Charest, à l'amorce d'une visite de quatre jours au pays du soleil levant.

D'ici la fin de la semaine, M. Charest tentera de convaincre des gens d'affaires et des décideurs politiques japonais de participer au développement du Plan Nord dans l'exploitation des ressources naturelles.

«Ils ont des besoins très importants. C'est un pays prospère, ce sont des leaders très importants sur le plan technologique et, comme d'autres pays, ils ont un secteur privé qui a accumulé beaucoup d'argent prêt à investir», a déclaré le premier ministre en point de presse à Tokyo, la capitale nippone.

Frustré par la mainmise exercée par la Chine sur les éléments de terres rares (ÉTR) - un bouquet de métaux essentiels dans l'industrie des hautes technologies et militaire - le Japon est à la recherche d'une nouvelle source d'approvisionnement. Le Québec est l'endroit indiqué pour y placer ses billes, a soutenu le premier ministre québécois.

«Le Plan Nord arrive dans ce contexte et nous, ce que nous disons aux Japonais, c'est que le Québec est un partenaire naturel», a dit M. Charest.

Le Québec compte deux grands projets pour les ÉTR, soit celui de Quest Rare Minerals de Strange Lake au Nunavik et celui de Matamec Exploration au Témiscamingue. Pour stimuler l'intérêt des industriels, Investissement Québec a réservé 500 millions de dollars pour s'associer à des projets de développement.

«On se présente comme un partenaire qui offre des solutions à des pays comme le Japon, la France et l'Allemagne. Dans un monde où la demande en ressources (naturelles) s'annonce forte, chez nous on offre des occasions de partenariats», a expliqué M. Charest.

Il ne s'agit pas de faire «une vente de feu» s'empresse-t-on d'ajouter dans l'entourage du premier ministre, conscient que l'exploitation des ressources naturelles est un sujet délicat au Québec.

«La réalité, c'est qu'on a augmenté substantiellement les redevances sur les ressources naturelles. Une hausse de 28 pour cent, on est plus élevé que la moyenne canadienne et ça va nous rapporter des rentrées d'argent importantes», a argué M. Charest.

Mais il n'y a pas que le Plan Nord dans les cartons de Jean Charest au Japon, la première visite d'un premier ministre québécois depuis 1999.

Les turbulences financières et les tiraillements politiques aux États-Unis irritent les investisseurs asiatiques. Pour le Canada, les déboires de l'économie américaine présentent «une occasion» d'inciter les entreprises asiatiques à s'établir au nord du 45e parallèle.

«Le «branding» du Canada en matière d'économie n'a jamais été aussi bon», a fait remarquer le premier ministre.

M. Charest a eu l'occasion de livrer son message lors d'une rencontre avec le vice-ministre senior de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie, Motoshita Ikeda. Il présentera de nouveau ses arguments jeudi auprès de gens d'affaires et du ministre des Affaires étrangères, Takeaki Matsumoto.

Le premier ministre a entamé sa mission mercredi matin non pas en discutant d'économie mais plutôt en visitant un temple bouddhiste au coeur de la mégapole japonaise. En compagnie d'un moine, M. Charest et son épouse Michèle ont posé, agenouillés, «un geste de recueillement» en mémoire des 20 000 victimes du tsunami du 11 mars.

«C'était important pour nous de manifester notre solidarité envers le peuple japonais», a-t-il dit.

Le Japon est l'un des trois pays d'Asie identifiés comme prioritaires par le ministère des Relations internationales avec l'Inde et la Chine.

Avec des ventes totalisant 885 millions de dollars en 2010, le Japon se situe au 8e rang des marchés d'exportation du Québec dans le monde. La viande de porc demeure de loin le premier produit exporté par le Québec avec 37% du volume des expéditions dans le pays. Les ventes de turboréacteurs et autres appareillages aéronautiques ont cependant connu du succès ces dernières années.