Gaz Métro a finalement mis la main sur Central Vermont Public Service (CV) et forcé l'entreprise terre-neuvienne Fortis (T.FTS) à mettre une croix sur son projet d'expansion aux États-Unis.

Fortis a quand même quitté la table avec une somme de 20 millions$US en guise de compensation pour la résiliation de la transaction d'achat conclue avec Central Vermont.

Gaz Métro a réussi à faire annuler une première transaction conclue entre Central Vermont et Fortis en offrant 35,25$ par action, soit 15 cents de plus, mais surtout en proposant de fusionner Central Vermont avec la filiale qu'elle possède déjà, Green Mountain Power, pour créer le plus important distributeur d'électricité du Vermont.

«Tout le monde y trouve son compte», a résumé Sophie Brochu, la présidente et chef de la direction de Valener, la société-mère de Gaz Métro, lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

L'entreprise québécoise déboursera au total 700 millionsUS pour Central Vermont, dont 472 millions pour racheter les actions en circulation. L'acquisition contribuera positivement aux résultats de Gaz Métro dès la première année d'intégration de ses activités, a-t-elle précisé.

Selon l'analyste Patrick Kenny, de la Financière Banque Nationale, le profit par action devrait augmenter de 4% à la suite de cette acquisition.

La combinaison des deux entreprises permettra aux 160 000 clients de Central Vermont et aux 96 000 de Green Mountain Power de faire des économies sur leur facture d'électricité. Ces économies sont estimées à 144 millions pour les 10 prochaines années.

Si Gaz Métro prévoit quelques pertes d'emplois parmi les cadres supérieurs lors de l'intégration des deux entreprises, aucun autre licenciement n'est prévu.

Gaz Métro est active depuis 25 ans au Vermont et a toujours réinvesti localement ses profits, a souligné Sophie Brochu. L'entreprise fait aussi confiance aux compétences locales et n'envoient pas de cadres du Québec diriger les activités au Vermont.

Cette fois encore, Gaz Métro a réussi à ménager les sensibilités locales en s'engageant auprès de la Ville de Rutland, qui perd le siège social de Central Vermont, à y maintenir un centre d'opérations et d'innovations.

La vente de Central Vermont Public Service s'inscrit dans un mouvement de consolidation chez les distributeurs d'électricité américains. Gaz Métro est aux aguets, mais elle n'est pas prête à acheter n'importe quoi, affirme Sophie Brochu. «Des deals, on en a regardé et on en a laissé passer un bon paquet», a-t-elle dit.

Avec l'achat de Central Vermont et un investissement de 700 millions conjointement avec Boralex dans la construction d'un parc éolien sur la Côte-de-Beaupré, au Québec, l'entreprise en a les mains pleines, a-t-elle indiqué. L'action de Valener a fini la journée à 16,25$, inchangée depuis la veille, et celle de Fortis a pris 38 cents, à 32,76$.