Bowmore Exploration respectera la volonté de Saint-Camille et suspend indéfiniment tout travail d'exploration dans le périmètre urbanisé du village et chez tous les citoyens qui ont fait parvenir un avis d'interdiction à la société. Mais elle poursuit son projet d'exploration aurifère.

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Dans une télécopie transmise mercredi au maire Benoit Bourassa, le président et chef de la direction de Bowmore, Paul Dumas, précise que la société continuera l'exploration aux endroits où elle aura obtenu la permission.

Dans une entrevue à La Presse Affaires, Paul Dumas s'est dit surpris de la réaction citoyenne à Saint-Camille, compte tenu qu'aucun trou de forage n'a encore été percé. «On est encore très loin d'une mine. Ce sont des travaux préliminaires.»

Depuis un an et demi, Bowmore a recueilli à Saint-Camille et Wotton quelque 3500 échantillons de roche, avec la permission des propriétaires terriens. Elle a procédé à la fin de 2010 à un rapport géophysique par hélicoptère. Selon Paul Dumas, de forts vents ont retardé le processus, de sorte que Bowmore a repoussé les premiers forages prévus en janvier.

«Si on était allés de l'avant avec les forages, nous aurions contacté la municipalité et les propriétaires concernés», affirme M. Dumas en réponse à ceux qui reprochent à la société de ne pas avoir informé adéquatement les citoyens.

Pris de court, M. Dumas a communiqué avec la municipalité de Saint-Camille lundi. Il a demandé à être présent à l'assemblée citoyenne de mercredi, mais la municipalité a refusé. Bowmore rencontrera le maire Bourassa et le comité Mine de rien à la fin de la semaine prochaine. Bowmore veut organiser une séance publique et créer une page web ou Facebook pour informer les gens sur la nature, le lieu et le moment des travaux à venir.

La société junior attend les dernières données du rapport géophysique avant d'aller de l'avant avec un programme de forage de 2000 à 3000 mètres (l'équivalent de cinq ou six trous). Les premiers forages n'auront pas lieu avant un mois et demi au plus tôt.

Bowmore dit entretenir des relations avec certains fermiers camillois. Un géologue de la société les a rencontrés mardi, mais ne leur a présenté aucune demande formelle d'autorisation pour les forages. «Ils sont ouverts à l'exploration sur leur terrain, mais ils veulent savoir ce qu'on va faire et comment ils seront compensés, dit Paul Dumas. C'est normal, c'est comme ça que ça fonctionne dans l'industrie.»

Un effet Osisko?

Paul Dumas soutient que les événements de cette semaine sont «hors de proportion». «Je ne sais pas si c'est à cause de la relation avec Osisko, mais on semble être visés davantage que les nombreuses autres sociétés juniors qui travaillent sans problème ailleurs dans la région.»

Osisko, qui développe une gigantesque mine d'or à ciel ouvert à Malartic, possède le tiers des actions de Bowmore. Les dirigeants d'Osisko en détiennent 7% de plus à titre personnel. À Wotton et Saint-Camille, Bowmore a déniché des échantillons d'une teneur moyenne de 0,12 à 0,20 gramme par tonne (g/t). Les échantillons les plus riches ont atteint 1 g/t. Par comparaison, le gisement de Malartic, déjà considéré à faible teneur, affiche une moyenne de 1,13 g/t.

Ces données correspondent néanmoins au modèle d'exploration basé sur un principe d'exploitation à fort tonnage, mais faible teneur. En d'autres mots, on sort énormément de roche pour en extraire une infime partie d'or disséminé dans les roches sédimentaires.