Le géant minier anglo-australien BHP Billiton (BHP) a admis sa défaite et annoncé lundi qu'il retirait son offre publique d'achat hostile sur le groupe canadien Potash Corp (T.POT), numéro un mondial des engrais, après le rejet de cette offre par le gouvernement canadien.

«Malheureusement, bien qu'ayant reçu toutes les autorisations anti-trust nécessaires pour cette offre, nous n'avons pu obtenir d'accord aux termes de la loi canadienne sur l'Investissement, et avons donc décidé de retirer l'offre», a déclaré le directeur général de BHP, Marius Kloppers, dans un communiqué.

Le gouvernement canadien avait rejeté le 3 novembre cette offre hostile, totalement en numéraire, d'un montant de 38,6 milliards de dollars américains, mais avait donné 30 jours au géant anglo-australien pour l'améliorer.

C'est le deuxième échec de BHP en quelques semaines après l'annonce le 18 octobre que Rio Tinto et BHP abandonnaient «à regret» leur projet controversé de société conjointe dans la production de fer en Australie, en raison de l'opposition des autorités de la concurrence de plusieurs pays.

Potash Corp a réagi au retrait de l'OPA en affirmant, dans un communiqué, avoir eu raison de juger que cette offre «sous-estimait considérablement» tant sa valeur que ses perspectives de croissance.

Premier producteur mondial de potasse, Potash avait lui-même rejeté formellement l'OPA hostile en août et annoncé qu'il étudiait des «transactions alternatives» avec d'autres repreneurs potentiels.

Le fabricant russe d'engrais Phosagro a confirmé son intérêt après le rejet de l'offre de BHP. L'importance de la potasse, utilisé dans les engrais, a crû aux cours des dernières années parallèlement à la hausse de la demande mondiale de nourriture.

BHP Billiton a indiqué que ses engagements envers l'emploi et l'investissement n'avaient pu convaincre le ministre canadien de l'Industrie des bénéfices de son offre, bien qu'étant «sans équivalent en substance, en portée et en durée».

«BHP Billiton continue de croire que son offre aurait abouti à un bénéfice net important pour le Canada, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick», deux des dix provinces canadiennes situées respectivement dans le sud-ouest et l'est du pays.

Le Premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, avait estimé que sa province pourrait perdre des milliards de dollars de redevances sur les 10 prochaines années si Potash passait sous contrôle de BHP.

Le ministre canadien de l'Industrie Tony Clement a réagi au retrait de l'OPA hostile en indiquant qu'Ottawa pourrait revoir sa procédure d'examen des investissements étrangers.

M. Clement avait pris la décision, le 3 novembre, de rejeter l'offre de BHP, en jugeant qu'elle n'était pas «à l'avantage» du Canada aux termes de la législation sur les investissements étrangers.

«La Loi sur Investissement Canada doit garantir que les grands investissements dans notre économie apportent vraisemblablement un avantage net au Canada», a indiqué M. Clement dans un communiqué.

Parallèlement à l'abandon de son offre, BHP a annoncé prévoir de relancer un projet suspendu de rachat d'actions (buy-back), d'un montant de 13 milliards de dollars. Le groupe va également reverser 4,2 mds USD «d'excédent de capital» à ses investisseurs après l'échec de l'OPA.

«La décision de réactiver un programme de rachat d'actions est totalement en cohérence avec notre engagement de maintenir une structure capitalistique appropriée, tout en continuant à faire des investissements importants dans nos projets de croissance», a déclaré le président de BHP, Jac Nasser.

L'action BHP prenait 0,27% à 44,42 dollars australiens (43,83 USD) lundi à la Bourse de Sydney.