La présence du patron de BP Tony Hayward à une régate de yachts de luxe sur l'île de Wight en pleine marée noire dans le golfe du Mexique a déclenché un déluge de critiques, Maison Blanche en tête, qui a jugé dimanche qu'il s'agissait d'une «grave erreur».

Les images des superbes voiliers croisant au large de la côte méridionale de la Grande-Bretagne à l'occasion de la course «JP Morgan Asset Management Round The Island» tournaient en boucle dimanche matin sur les télévisions américaines.Le directeur général du géant pétrolier britannique était présent samedi, en famille, pour soutenir le yacht «Bob», d'une valeur de 300 000 euros, dont il partage la propriété avec deux autres personnes. Le bateau a terminé en 4e position.

Mais l'escapade passe mal outre-Atlantique, deux mois après le début de la marée noire, alors que chaque journée apporte de nouvelles images d'oiseaux englués ou de plages souillées par les millions de litres de pétrole déversés dans le golfe du Mexique.

«Cela fait partie d'une longue série d'erreurs et de bourdes de communication», a lancé le secrétaire général de la Maison Blanche Rahm Emanuel dans une interview à la chaîne américaine ABC diffusée dimanche.

«Je pense que nous pouvons tous conclure que Tony Hayward ne commencera pas une seconde carrière dans le conseil en relations publiques», a ironisé le haut responsable américain.

«C'est une grave erreur», a-t-il insisté, adressant une nouvelle pique au directeur général du groupe britannique: «Pour citer Tony Hayward, il a retrouvé sa vie d'avant».

Auteur de plusieurs maladresses de communication, M. Hayward a notamment déclaré à propos de la catastrophe: «Il n'y a personne qui veuille plus que moi que tout cela se termine, je veux retrouver ma vie d'avant».

BP a aussitôt envoyé ses porte-parole au front pour tenter d'éteindre l'incendie. «Peu importe où il est, il est toujours en contact avec ce qui se passe» sur la marée noire, a dit l'un d'eux. Il s'agit d'ailleurs de son «premier jour chômé» depuis le début de la catastrophe, a souligné un autre.

En vain: bien au-delà de la Maison Blanche, les critiques ont fusé de toute part. Pour Greenpeace, l'attitude de M. Hayward «met du sel dans les blessures» des victimes de la marée noire, tandis que le New York Times soulignait dimanche que M. Hayward avait «déclenché une nouvelle controverse».

«Le point culminant de l'arrogance», a même lâché le sénateur républicain Richard Shelby de l'Alabama, un des Etats touchés par la marée noire. «Le yacht devrait plutôt être là en train de ramasser et de nettoyer le pétrole», a-t-il dit sur la chaîne Fox News.

Ces remontrances concluent une semaine difficile pour la patron controversé de BP, qui devrait se retirer prochainement de la gestion quotidienne de la crise. Auditionné jeudi au Congrès américain, le dirigeant a eu droit à des remarques du même tonneau de la part d'élus ulcérés par les errements de BP face à la marée noire.

Le groupe britannique pourrait par ailleurs lever 50 milliards de dollars afin de financer le coût de la marée noire dont le fonds de 20 milliards de dollars que BP a accepté de créer à cet effet, selon la presse britannique.

Il s'agit également de rassurer les marchés, après la chute vertigineuse de l'action BP.

BP a également assuré avoir versé 104 millions de dollars suite aux plaintes d'habitants de la région du golfe du Mexique touchés par la marée noire, précisant avoir reçu au total 64.000 plaintes.

Le groupe récupère au total en moyenne 25 000 barils de brut par jour, selon les garde-côtes américains, alors que le puits situé à 1500 m de profondeur crache chaque jour entre 35 000 et 60 000 barils (jusqu'à 9,5 millions de litres).