La première vague de froid de l'hiver déferle sur le Québec et un doux écho résonne dans les chaumières: «Monte le chauffage!» Or, que ceux qui se chauffent au gaz naturel et au mazout se dégèlent les joues et sourient: leur facture s'annonce moins salée cette année.

Au moment même où les Québécois tournent les roulettes de leurs thermostats à l'unisson, Gaz Métro a annoncé hier que ses clients résidentiels paieront 2,4% de moins que l'an dernier.

Le prix du mazout s'annonce aussi plus bas que l'an dernier. Quant à la majorité des Québécois qui se tournent vers Hydro-Québec pour se chauffer, c'est la hausse de 1,2% du prix de l'électricité, annoncée en avril dernier, qu'ils doivent appliquer à leur budget de chauffage.

À moins d'un brusque plongeon des prix du mazout au cours de l'hiver, ce sont donc ceux qui se chauffent au gaz naturel qui devraient payer le moins cette année - un renversement de tendance par rapport aux dernières années, alors que les consommateurs de mazout et de gaz naturel avaient dû essuyer des hausses de prix parfois vertigineuses.

Selon l'Agence de l'efficacité énergétique, l'hydroélectricité est la deuxième source d'énergie la moins chère pour chauffer une maison type de 2000 pieds carrés, suivie par le mazout.

«Au bout du compte, nos clients vont y voir de bonnes nouvelles», a commenté Marie-Noëlle Cano, porte-parole de Gaz Métro, qui a clarifié hier l'impact de décisions rendues la semaine dernière sur les factures de ses clients.

Gaz Métro avait demandé une hausse de tarif de 9,2% à la Régie de l'énergie, qui a été refusée et ramenée à 3,34%.

Or, cette hausse ne concerne que les activités de distribution de Gaz Métro. Et elle est largement compensée par la baisse de prix du gaz naturel, qui a plongé de 42% entre juillet 2008 et novembre dernier.

En combinant les chiffres, on obtient une baisse de la facture de 2,4% pour les clients résidentiels et de 4,9% pour les clients commerciaux.

«Gaz Métro ne fait aucun profit sur le prix du gaz naturel. Le seul tarif pour lequel Gaz Métro est autorisé par la Régie de l'énergie à tirer un bénéfice est la distribution», a tenu hier à rappeler l'entreprise.

Du mazout moins cher

Les nouvelles sont aussi bonnes du côté de ceux qui se chauffent au mazout.

«Le marché était absolument fou l'an dernier; il est un peu plus stable cette année», dit Michel Martin, directeur des relations publiques chez Ultramar, qui fournit du mazout à 60 000 clients au Québec.

Le litre de mazout coûte actuellement 74,9 cents à Montréal. C'est plus qu'à pareille date l'an dernier (70,9 cents), mais inférieur à la moyenne de l'hiver dernier (82 cents).

Comment évoluera-t-il au cours de l'hiver?

«Ça va dépendre d'un paquet de facteurs, dont le plus important est la reprise économique, répond M.Martin. Mais il va aussi falloir regarder la température qu'on va avoir cet hiver et tout ce qui pourrait se passer au niveau international.»

Un indice permet toutefois de deviner les prévisions d'Ultramar: le «prix plafond» qu'elle offre à ses clients. Pour 150$, ceux-ci peuvent en effet se prémunir d'éventuelles hausses excessives en achetant une sorte d'assurance. Le principe: si les prix baissent, leur facture suit. Mais si les prix grimpent au-dessus du fameux prix plafond, les clients paient ce dernier prix et non celui du marché.

Or, Ultramar a fixé son prix plafond à 77,9 cents le litre, soit moins que le prix moyen du mazout l'hiver dernier. Notons toutefois que la pétrolière a revu ses perspectives de prix à la hausse: en octobre, les clients pouvaient signer un contrat leur garantissant un prix maximum de 73,3 cents.

Quant à Hydro-Québec, elle a demandé à la Régie de l'énergie une hausse de tarif de 0,2% à partir du 1er avril prochain.

Les fournisseurs ont par ailleurs assuré hier être fin prêts à soutenir la demande accrue provoquée par les premiers froids de l'hiver.

«On a la capacité en masse. C'est peut-être la première vague de froid, mais ce n'est pas une grosse vague», dit Guy Litalien, porte-parole d'Hydro-Québec.

Notons aussi que la chute des prix du mazout a ralenti l'abandon de cette source de chauffage par les Québécois.

En 2008, alors que les prix du mazout avaient atteint des sommets, 30 000 ménages avaient dit adieu à leur fournaise à l'huile pour embrasser l'hydroélectricité. Environ 6000 ménages de plus s'étaient équipés pour pouvoir chauffer avec les deux sources d'énergie à la fois, selon des chiffres fournis par Hydro-Québec.

Un an plus tard, les conversions se font moins nombreuses. Hydro-Québec estime qu'environ 10 000 ménages ont abandonné le mazout pour l'hydroélectricité cette année, tandis que de 1000 à 2000 ménages de plus auraient opté pour la bi-énergie.

- Avec Hélène Baril