Choisir sa profession est un défi pour les jeunes, mais cette étape est aussi difficile pour leurs parents. C'est pour cette raison que Marie-Sylvie Dionne, conseillère d'orientation, a rédigé Le défi d'orientation Guide du parent zen. Une réflexion opportune à l'occasion de la Semaine québécoise de l'orientation, qui se tient du 4 au 10 novembre.

«Secrétaire, hôtesse de l'air et infirmière sont en résumé les choix de carrière que j'avais à l'époque de mes 20 ans», indique Marie-Sylvie Dionne, qui en a aujourd'hui 53. Elle remarque que le processus de choix de carrière s'est complexifié avec la multiplication des possibilités. Une chose demeure par contre: le défi de la communication entre les adolescents et leurs parents!

«À l'adolescence, le cerveau du jeune n'est pas arrivé à maturité, affirme la conseillère d'orientation. Plusieurs réactions biochimiques se produisent dans leur cerveau. Un summum d'activités est atteint. Les changements d'humeur sont fréquents. En même temps, l'adolescent doit faire son choix de carrière. Plusieurs vivent énormément d'anxiété.»

Au début de son ouvrage, dont la préface est signée par Laurent Matte, président de l'Ordre des conseillers et conseillères d'orientation du Québec, Marie-Sylvie Dionne demande aux parents de retrouver l'adolescent en eux.

«Même si les choses ont changé, l'adolescence n'est jamais une période facile et c'est bien que le parent s'y replonge, affirme Mme Dionne. Il sera ensuite plus à l'écoute de son jeune.»

Le meilleur pour son enfant

«Les inquiétudes des parents sont souvent grandes lorsqu'il est question de l'orientation de leurs enfants, observe Marie-Sylvie Dionne. Ils veulent le meilleur pour eux. Certains voient aussi leurs enfants comme un prolongement d'eux-mêmes. Ils se disent que s'ils n'ont pas pu faire telle chose, leur enfant pourra le faire. Par contre, le meilleur pour eux n'est pas nécessairement le meilleur pour leur enfant.»

Un élément important dans le processus de choix de carrière d'un enfant est l'estime de soi.

«L'estime de soi d'un enfant passe souvent par celle de ses parents. C'est important que le parent évalue son estime de lui dans les différentes sphères de sa vie: au travail, comme parent, etc. C'est certain que dans les domaines où il a une moins grande estime de lui, il aura plus de difficultés à faire du renforcement positif auprès de son enfant. Cette évaluation permet de commencer un travail sur soi», affirme Mme Dionne, qui s'est consacrée pendant 25 ans à une clientèle adulte comme andragogue et conseillère en relations industrielles.

L'effet Pygmalion

Pour expliquer l'importance de croire en son enfant, la conseillère d'orientation décrit dans son livre l'effet Pygmalion.

Le psychologue américain Rosenthal a constitué deux groupes de rats au hasard. Il a confié le premier groupe de rats à des étudiants en leur disant que les bêtes avaient été sélectionnées pour leurs qualités exceptionnelles.

Le psychologue a précisé qu'on devait s'attendre à ce que ces rats réussissent de façon remarquable à trouver leur chemin dans un labyrinthe. Il a confié le deuxième groupe de rats à d'autres d'étudiants en leur précisant que ces rats n'avaient rien d'exceptionnel et que, pour des causes génétiques, il était fort probable que ces rats aient du mal à trouver leur chemin dans un labyrinthe.

Résultat: une fois les rats dans le labyrinthe, la prophétie de Rosenthal s'est réalisée. Pourquoi?

Parce que les étudiants qui croyaient que leurs rats étaient particulièrement intelligents leur ont manifesté de la sympathie, de la chaleur et de l'amitié, contrairement à l'autre groupe.

«Un enfant construit son identité et se connaît à travers le regard de ses parents, affirme Mme Dionne. Si son parent a confiance en lui et qu'il le complimente, l'enfant aura plus de facilité à faire son chemin.»

Apprendre à faire des choix

Dans son guide, Marie-Sylvie Dionne propose également différents outils pour faciliter la prise de décision: description du système scolaire, des types de programmes d'études, de la cote R, avec recommandations de sites web.

Il demeure que le jeune devra ensuite faire son choix.

«Prendre une décision fait partie de la vie comme manger et respirer, remarque Mme Dionne. Souvent, pour bien faire, le parent prend plusieurs décisions à la place de son enfant. Toutefois, plus un jeune commence à prendre des décisions en bas âge, plus il aura de la facilité à le faire plus tard.»

De plus, elle précise qu'une carrière ne se trace pas le jour du choix professionnel.

«Oui, le choix de carrière est important, mais il faut relativiser les choses. C'est une décision parmi tant d'autres. Le jeune aura le temps d'explorer sa décision, de préciser son choix, de cheminer. En matière de carrière, il n'y a pas un bon chemin, il y a de bons chemins.»