Travailler avec le public mène à tout, faut-il croire. Après avoir bossé pendant 10 ans dans le domaine de l'hôtellerie, plus particulièrement dans les boîtes de nuit, Carolane Moreau cherchait un emploi plus stable. Elle a suivi les conseils d'un conseiller en orientation et est maintenant sur le point de terminer une technique en thanatologie. À la fin de ses stages, dans quelques mois, elle sera thanatopractrice, ou embaumeuse, selon le terme choisi.

La jeune femme de 33 ans n'est toutefois pas une nouvelle venue dans le domaine funéraire. Depuis 2009, soit depuis son admission au Collège de Rosemont, elle travaille chez Lesieur, une entreprise funéraire de Granby.

Récupérer des dépouilles à l'hôpital, dans des centres d'hébergement ou à domicile, rencontrer des familles endeuillées en compagnie d'Éric Lesieur, président de l'entreprise funéraire pour laquelle elle travaille, assister son patron pour des embaumements: tel est le quotidien de Carolane Moreau depuis trois ans. Elle partait donc, dit-elle, avec une longueur d'avance sur ses collègues de classe.

Mais c'est à peu près le seul avantage dont elle peut se targuer. Mère de famille, elle a dû étudier tout en continuant à travailler les week-ends, et même certains soirs de semaine.

«Ce ne sont pas mes parents qui préparaient mes repas ou qui lavaient mon linge sale. Et les deux premières années de mon DEC, je ne connaissais personne au cégep. Tous les jours, je partais de chez moi, à Roxton Pond, à 4h30 du matin, pour être certaine d'arriver au cégep à 6h. Je dormais dans mon auto jusqu'au début des cours, à 8h», explique-t-elle.

Dans l'exercice de ses fonctions de thanatopractrice (du moins, lorsqu'elle sera diplômée, puisqu'elle est encore assistante), Carolane Moreau reçoit la dépouille du défunt. Elle lave le corps et les cheveux, puis aseptise tous les orifices afin de tuer les pathogènes.

Elle procède ensuite à la thanatopraxie (ou l'embaumement), au cours de laquelle elle remplace notamment les liquides corporels de la personne décédée par une solution à base de formaldéhyde. Suivent les soins esthétiques (nouveau lavage, habillage, coiffure, maquillage), de même que la mise en cercueil.

L'opération complète prend habituellement de trois à cinq heures. Elle peut toutefois durer plus de 15 heures, par exemple dans le cas d'un accidenté de la route dont le visage doit être restauré, indique Carolane Moreau, qui est par ailleurs une grande admiratrice de la série télévisée CSI Las Vegas - elle est également première répondante à Roxton Pond.

Lorsqu'elle rencontre les familles qui viennent de perdre un être cher, elle s'occupe d'annuler les cartes d'identité ou le passeport du défunt. Elle voit à la publication de l'avis de décès dans les rubriques nécrologiques. Elle prépare également l'attestation de décès, fait la demande auprès de la Régie des rentes du Québec pour les 2500$ qui couvriront une partie des frais funéraires, etc.

Après ses études, Carolane Moreau veut bien sûr pratiquer la thanatopraxie. Mais les relations humaines lui plaisent beaucoup. Par conséquent, elle veut continuer à travailler dans une entreprise funéraire de taille modeste, où elle pourra porter plusieurs chapeaux.

Thanatopracteur

Formation:diplôme d'études collégiales (DEC) en techniques de thanatologie

Milieux de travail:entreprises funéraires, crématoriums, cimetières et columbariums, fournisseurs d'équipement et de matériel spécialisés

Salaire d'entrée:18$ l'heure

En emploi lié à la formation:94% (2011)

Perspectives:favorables

Sources: Collège de Rosemont, Ordre des thanatologues du Québec