Chaque semaine, des centaines de parents confient pour la première fois bébé à une garderie pour reprendre le chemin du travail et découvrent ainsi les hauts et les bas de la conciliation travail-famille.

Cela ne se fait pas sans quelques accommodements.

Claudine Millette est avocate associée chez Borden Ladner Gervais (BLG) depuis 10 ans. Mère de deux enfants, cette femme de carrière habituée aux longues journées de travail avoue avoir diminué certaines activités professionnelles afin d'être plus présente pour sa petite famille.

«En tant qu'associée, un de mes rôles est de générer de la clientèle pour le cabinet, dit-elle. Avant, j'avais plus d'activités de développement des affaires et de réseautage, comme les soirées-bénéfices, les cocktails et les tournois de golf. Maintenant, j'essaie de limiter cela à un seul soir par semaine, et mes collègues savent bien que le matin, je ne peux pas être disponible pour un déjeuner d'affaires à 7h30.»

L'avocate a quand même trouvé le moyen de faire les ajustements nécessaires.

«Quand on revient de congé parental, il faut jongler avec deux parties importantes de notre vie. Comme professionnelle, le plus difficile est de trouver un équilibre, mais cela se fait, surtout quand l'employeur est compréhensif et facilite les choses», ajoute-t-elle.

Chez BLG, on a mis au point une politique nationale à l'intention des parents qui reviennent au travail après un congé parental. On leur fournit notamment une trousse d'information qui contient des trucs pour faciliter le retour et trouver des ressources comme une garderie.

Claudie Arsenault, coach en gestion et directrice des opérations de la Coopérative du Cercle des supermamans, fait du coaching auprès des mères depuis cinq ans.

«La question qui revient le plus souvent concernant le retour au travail est l'appréhension et l'angoisse liées au retour, dit-elle. Une fois qu'on est dedans, c'est souvent moins pire qu'on se l'était imaginé.»

Elle suggère à ses clientes d'établir un plan de match adapté à leurs besoins pour faciliter leur retour au travail.

«Le retour se prépare avant de partir, pendant le congé, et même une fois de retour, dit-elle. Pour certains, le congé parental est un bon moment pour faire le point et réfléchir à ce que l'on veut sur le plan professionnel. Si on travaille dans un domaine qui exige des connaissances de pointe, on peut lire des magazines liés à son domaine pour diminuer les craintes que l'on pourrait avoir de ne plus être à jour. Mais il faut quand même éviter de trop penser au retour! Le moment présent est important et il faut profiter de son congé.»

Quelques semaines avant le retour, une bonne façon d'enlever une part de stress est de se montrer le bout du nez au bureau à l'heure du lunch avec bébé, question de reprendre contact avec les collègues.

Un autre bon truc consiste à pratiquer sa routine matinale pour voir si elle est réaliste.

«On peut donner rendez-vous à un ami pour prendre un café non loin du lieu de travail, à l'heure où l'on devrait normalement arriver au bureau, dit-elle. C'est une façon amusante de tester le temps que cela prend pour se préparer et faire le trajet.»

La part du patron

Mais le patron doit aussi collaborer. «L'employeur doit s'assurer que tous les collègues sont avisés du retour de la personne, que son poste de travail est prêt à l'accueillir et que son bureau n'est pas rempli de boîtes, dit Patrick Trent, avocat chez BLG. Parfois, la personne revient et découvre que son ancien bureau est occupé par quelqu'un d'autre! Il faut également s'asseoir avec l'employé pour discuter de son retour, l'informer de l'évolution du milieu de travail pendant son absence, s'il y a de nouveaux clients, et ainsi de suite. Pour s'assurer que la personne puisse réintégrer ses fonctions de manière efficace, il faut aussi éviter de la surcharger dès son retour.»

Bien des mères tombent dans le piège de vouloir en faire davantage à leur retour au travail.

«On dirait qu'elles veulent prouver que le fait d'avoir un enfant n'a rien changé, dit Claudie Arsenault. En revenant au bureau, il ne faut pas viser la perfection. Il est possible que les choses aient changé pendant notre absence, c'est normal. Et en même temps, on a un deuil à faire de la vie à la maison. Tout cela fait partie de l'adaptation.»