Un jeune homme rêvait que plus tard, il travaillerait de ses mains. Mais ses parents, deux professionnels, ne l'entendaient pas de cette oreille. Ils insistèrent pour qu'il aille à l'université. Ce qu'il fit, en administration.

Une fois sur le marché du travail, dans le secteur des ressources humaines, il se sentait malheureux. Il alla donc voir un conseiller en orientation pour passer quelques tests. Ceux-ci révélèrent que sa place était plutôt dans un atelier que dans un bureau! Quelques années plus tard, il est devenu menuisier. Et il gagne environ le même salaire que dans son ancien travail. Avec, en prime, le bonheur d'aimer ce qu'il fait.

Mario Charette, conseiller en orientation, raconte cette histoire pour illustrer que les préjugés envers les métiers manuels ont la couenne dure. Le jeune homme en question était son client, un parmi tant d'autres à prendre un grand détour avant de réaliser qu'un métier manuel était ce qui lui convenait le mieux.

Comme celui de conducteur de grue ou de plombier, le salaire d'un menuisier, après quelques années, est supérieur au salaire moyen au Québec, qui est de 39 150$. Et bonne nouvelle, les perspectives d'emploi sont excellentes pour plusieurs d'entre eux.

On peut donc se demander pourquoi les étudiants ne se bousculent pas davantage aux portes des écoles de formation professionnelle ou technique.

«De façon générale, il est vrai que les gens faisant des études universitaires se placent mieux que ceux qui ont un diplôme professionnel, et beaucoup d'étudiants prennent leur décision en fonction de cela, explique M. Charette. Mais il faut voir au-delà de cette tendance. Il faut regarder plus en détail, métier par métier, pour s'apercevoir que plusieurs d'entre eux sont prometteurs et offrent de bons salaires.»

Les gens font des généralisations abusives lorsqu'ils parlent des études professionnelles, croit l'orienteur. Pas payant, pas stable, pas valorisant: voilà quelques-uns des préjugés qu'il entend dans son bureau. Résultat: on se retrouve avec plusieurs métiers en pénurie d'un côté et des diplômés universitaires qui ne trouvent pas d'emploi dans leur domaine de l'autre.

La faute à qui?

«La société et les parents ont beaucoup valorisé les études universitaires, dit Anne-Geneviève Girard, psychologue industrielle. Le gouvernement est obligé de faire de la publicité pour changer notre façon de voir.»

«À moins qu'ils viennent eux-même de ce milieu, beaucoup de parents s'inquiètent lorsque leur enfant veut faire des études professionnelles, dit Mario Charette. Surtout si ce sont des gens qui ont des emplois administratifs, des cols blancs. Ils veulent que leurs enfants fassent mieux qu'eux et ils voient la formation professionnelle comme moins valorisante dans l'échelle sociale.»

Évidemment, comme pour n'importe quelle profession, il faut avoir le profil pour être heureux dans un métier manuel.

«Dans le vocabulaire des conseillers en orientation, on les appelle les réalistes, dit M. Charette. Ce sont des gens qui sont moins intéressés par le travail intellectuel. Ils s'intéressent au fonctionnement des objets, mais de façon concrète. Ils aiment toucher avant de comprendre comment cela fonctionne. Ils aiment manipuler les choses, et aiment que la vie autour d'eux soit organisée simplement.»

Étant jeunes, ces personnes aimaient observer leurs parents quand ils fabriquaient quelque chose, ou encore démonter de petits appareils. Et que ces «patenteux» se rassurent, ils ne manqueront pas de travail au cours des prochaines années!

«Nous entrons dans une période économique qui rendra les choses plus difficiles pour les entreprises jusqu'à la fin de 2009, mais ce n'est qu'une parenthèse dans une vague de fond, dit-il. Beaucoup de gens travaillant dans les métiers spécialisés se préparent à la retraite et ne seront pas remplacés facilement, car il n'y a pas assez de gens formés.

Consultez le top 50 des programmes de formation professionnelle et technique offrant les meilleures perspectives d'emploi en cliquant ici.

Des métiers du Top 50 et leur salaire moyen*

Mécanique de machine fixe 47 672$ DEP

Technique en génie mécanique 47 469$ DEC

Techniques de laboratoire 42 000$ DEC

Soudage-montage 39 150$ DEP

Technique de design industriel N/D DEC

Techniques d'usinages 34 426$ DEP

Boucherie 25 720$ DEP

D'autres métiers manuels et leur salaire moyen (pas dans le Top 50)

Tuyauteur 47 335$

Plombier 41 139$

Mineur 60 949$

Électricien de réseaux 56 000$

Conducteur de grue 49 631$

Monteur d'aéronef 42 800$

Conducteur de camion 34 000$

Chef cuisinier 26 867$

* Selon le site Emploi avenir Québec