Une lettre écrite par le Syndic Raymond Chabot et transmise aux consommateurs qui ont acheté des meubles chez Philippe Dagenais n'a rien pour les rassurer. « Quant aux acomptes versés par les clients de la Société [Groupe Dagenais], il est fort probable que ceux-ci ne pourront être remboursés par la Société dans le cadre du présent dossier. »

Groupe Dagenais, qui exploite quatre magasins de meubles au Québec (Brossard, Bromont, Laval et Sherbrooke), tente d'éviter la faillite au moyen d'une restructuration judiciaire. L'entreprise a déposé le 1er avril un avis d'intention de faire une proposition à ses créanciers en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.

Les magasins sont fermés depuis le 31 mars et aucune date de réouverture n'a été établie.

DES DÉPÔTS CLIENTS DE 3,8 MILLIONS

L'entreprise croule sous une dette de 15,7 millions de dollars (dont 4,6 millions de dollars créances garanties), si l'on se fie à la longue liste des créanciers publiée sur le site internet de Raymond Chabot. La semaine dernière, le responsable du dossier, Jean Gagnon, parlait plutôt de 6 millions.

Il n'a pas été possible samedi de lui parler au cours des derniers jours pour se faire expliquer cet écart.

Dans la liste des créanciers, la ligne « dépôts clients » est accompagnée d'une somme de 3,8 millions. Il s'agit de la plus grosse somme, tous créanciers confondus (ordinaires et garantis).

Dans sa lettre datée du 4 avril, le syndic précise par ailleurs que « différents scénarios avec divers intervenants » sont analysés afin de « déterminer la possibilité d'honorer les commandes des clients de la Société ». On ajoute qu'une « décision devrait être prise à cet effet dans les meilleurs délais, compte tenu des circonstances ».

DE CLIENT À CRÉANCIER

Les clients mécontents ont peu de chance d'être protégés par la Loi sur la protection du consommateur.

« Règle générale, toute entreprise peut fermer ses portes quand elle veut. Et toute somme versée par un consommateur est susceptible d'être perdue. C'est pourquoi on conseille toujours de verser le plus petit dépôt possible », explique Charles Tanguay, porte-parole de l'Office de la protection du consommateur.

Par contre, lorsqu'il est clairement écrit dans un contrat de vente que le bien (ou service) sera fourni « plus de 2 mois après la vente », l'article 256 de la loi protège le consommateur. En effet, les commerçants qui rédigent ce type de contrat doivent déposer 50 000 $ en fidéicommis dans l'éventualité où ils devraient dédommager un client lésé.

Dans le cas où plusieurs réclamations sont faites, l'OPC divise l'argent au prorata des dommages. Il serait toutefois étonnant que les clients de la chaîne de magasins soient protégés par cet article de loi, reconnaît Charles Tanguay. Il invite tout de même les clients à contacter l'Office « au cas où ».

Ceci dit, les clients ayant versé un acompte aux magasins de meubles Philippe Dagenais deviendront des créanciers ordinaires de l'entreprise.

Rappelons que le designer bien connu Philippe Dagenais n'est plus ni actionnaire ni dirigeant de l'entreprise insolvable. Il l'avait fondée avec Pierre Loiselle et le duo avait vendu ses parts à Pierre St-Georges en 2003, selon La Voix de l'Est.

LA LISTE DES 344 CRÉANCIERS DE GROUPE DAGENAIS INCLUT:

Dépôts de clients : 3,8 millions

BDC : 2,4 millions

Deux entreprises appartenant à Pierre St-Georges : 2 millions

Financière Accord : 1,5 million

Ministère du Revenu du Québec : 1,4 million (impôt, TVQ/TPS)

Fonds Alterinvest II : 300 000 $

Pierre St-Georges/Monique Meunier : 230 000 $

Cominar : 102 000 $

Pierre Loiselle : 90 000 $

Desjardins capital de risque : 75 000 $