Même si l'économie canadienne donne des signes de croissance dans presque toutes les provinces, le chef de la direction de la Banque de Montréal s'inquiète d'un vent contraire en particulier: le commerce.

Alors que les négociateurs canadiens continuent d'essayer de combler un fossé qui empêche le pays de conclure un nouveau pacte de libre-échange nord-américain, Darryl White se dit «fondamentalement» convaincu qu'un accord sera conclu.

«Je pense fondamentalement que tout va s'arranger», a affirmé M. White lors d'un entretien. «Mais à la base, il est difficile de prédire les événements aléatoires. Et des événements aléatoires se produisent.»

Le grand patron de la banque établie à Toronto s'exprimait jeudi en marge de l'annonce d'une nouvelle initiative visant à lutter contre les disparités économiques en partenariat avec l'organisme Centraide de la région de Toronto. La Banque de Montréal s'est engagée à allonger 10 millions en capitaux de lancement, ce qui constitue le plus important don jamais fait à l'organisme à but non lucratif.

Dans le cadre de ce projet, la Banque de Montréal a invité 19 chefs d'entreprise, dont les chefs de la direction de la Financière Sun Life, de Maple Leaf Sports & Entertainment et d'Aliments Maple Leaf, à participer à un comité de travail qui échangera sur diverses idées pour alimenter la croissance économique dans certains quartiers jugés prioritaires.

Cette initiative mise sur deux atouts qu'une grande banque canadienne peut apporter à la table: le capital et son réseau d'entreprises, a souligné M. White.

«Un ancien modèle aurait pu être, »voici de l'argent, construisons cela et voyons ce qui se passe«. Ceci est plutôt un modèle qui dit que le problème est beaucoup plus compliqué que par le passé», a-t-il observé.

Daniele Zanotti, président et chef de la direction de Centraide Région de Toronto et York, a estimé que la région torontoise était la «capitale de l'inégalité des revenus au Canada».

«Les quartiers à revenu élevé s'enrichissent, de plus en plus de quartiers sont identifiés comme étant à faible revenu et les quartiers à revenu moyen disparaissent», a-t-il souligné. «Le code postal détermine de plus en plus le succès.»

M. Zanotti a mis de l'avant certaines solutions potentielles, notamment en évoquant le projet de transport en commun d'Eglinton Crosstown à Toronto, pour lequel des accords ont été conclus afin de s'assurer que les emplois et les marchés publics vont aux entreprises et aux résidents locaux.

«Il y a des cas dans la grande région torontoise, et au niveau national, dans lesquels nous pouvons intégrer les occasions de développement économique du quartier à notre travail journalier pour des projets actuels, afin que les petites et moyennes entreprises prospèrent, que les emplois restent locaux et que les infrastructures soient là où les gens en ont besoin.»

Accroître la compétitivité

Les idées et les projets proposés par le comité seront testés, peaufinés et mis en oeuvre, grâce au financement initial de la Banque de Montréal. Les entreprises partenaires travailleront également directement avec les leaders communautaires de la région du Grand Toronto, y compris les régions de York et de Peel, pour mettre en oeuvre les programmes au niveau local.

Interrogé sur la nécessité de stimuler la croissance économique dans l'ensemble du pays, M. White a déclaré que le Canada devrait encourager les investissements, notamment en s'attardant aux règlements et à «la capacité de mener à bien les projets comme prévu».

Son homologue de la Banque CIBC, Victor Dodig, a récemment appelé le Canada à accroître sa compétitivité mondiale de diverses manières, notamment en proposant des règles d'investissement plus claires et en égalant une politique américaine qui permet aux entreprises de radier immédiatement le coût total des investissements en immobilisations.

Le chef de la direction de la Banque CIBC a également évoqué le débat et les retards entourant le projet d'expansion du pipeline Trans Mountain comme un exemple des difficultés rencontrées pour mener des affaires à terme au Canada.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, envisage des mesures ciblées pour accroître la compétitivité du pays, plutôt que des réductions d'impôt à grande échelle, ont indiqué des sources à La Presse canadienne. M. Morneau a l'intention d'annoncer des plans dans sa mise à jour économique de l'automne pour renforcer la compétitivité du Canada.

M. White a indiqué jeudi qu'il n'avait pas une demande précise pour le ministre Morneau, notant que le gouvernement se montrait «très prudent et très réfléchi» sur la question. Toutefois, l'évaluation d'une possibilité d'investissement au Canada tiendrait compte de nombreux facteurs, notamment le logement abordable, les impôts, l'amortissement et la réglementation.

«Il est difficile de préciser exactement ce sur quoi nous devrions nous concentrer pour encourager l'investissement, mais pour moi, c'est l'objectif», a déclaré M. White.

«Comment pouvons-nous encourager les Canadiens et les non-Canadiens à investir de façon soutenue au Canada? C'est un ensemble de caractéristiques, et non une caractéristique en particulier.»