Le gouvernement Trudeau a reçu de nouveaux avertissements sur de possibles effets néfastes de sa réforme fiscale, lundi, à la conclusion de la période des consultations.

Des gens d'affaires ont envoyé des lettres à Ottawa soutenant que les changements fiscaux proposés, qui visent, selon les libéraux, à rendre le système plus équitable, entraîneraient des dommages collatéraux considérables pour l'économie.

Un groupe représentant certaines des entreprises technologiques ayant la plus forte croissance au pays et des investisseurs de l'industrie a argué que les propositions restreindraient la capacité des entrepreneurs technologiques à accéder à un capital vital pour faire croître leurs compagnies et créer des emplois.

La lettre, signée par des chefs de la direction représentant des entrepreneurs, des investisseurs en capital-risque et des investisseurs providentiels, soutient qu'il est crucial que le gouvernement fédéral s'entretienne avec les innovateurs canadiens pour «discuter de solutions qui ne nuisent pas aux créateurs d'emplois et de prospérité au Canada».

Selon la missive, la réforme sur la table propose «un nivellement par le bas, contraire au plan sur l'innovation et les compétences du gouvernement». D'après l'association, les changements, s'ils sont implantés, créeraient de l'incertitude pour la planification fiscale des entreprises, intensifieraient l'exode des talents en technologie et plomberaient des investissements d'Ottawa hautement publicisés visant à aider à faire croître des firmes au fort potentiel.

Changements «à la pièce et imparfaits»

Manufacturiers et Exportateurs du Canada, qui représente plus de 10 000 entreprises, a aussi fait part de ses inquiétudes dans une lettre envoyée lundi au ministre Bill Morneau, parlant de changements «à la pièce et imparfaits».

Dans la lettre, le président Dennis Darby affirme que les changements auraient des impacts «bien au-delà de l'objectif visé» et pourraient entraîner des «conséquences négatives significatives non désirées» pour les petits fabricants.

Les changements, a ajouté M. Darby, réduiraient les incitatifs et le rendement à l'entrepreneuriat, à la prise de risques, aux investissements des entreprises et à la création d'emplois. Il a aussi fait valoir que les propositions feraient augmenter les coûts pour les entreprises, compliqueraient davantage le système fiscal et créeraient de nouveaux secteurs d'iniquité.

Les deux groupes ont pressé le gouvernement fédéral de prolonger la période de consultations dans le but de permettre une révision plus en profondeur du système fiscal et un plus grand apport du secteur privé.

M. Morneau a justifié sa réforme comme étant nécessaire pour rétablir un équilibre pour tous les Canadiens, particulièrement dans la supposée classe moyenne, car elle mettrait fin aux avantages fiscaux injustement exploités par certains riches propriétaires d'entreprises.

D'autres détracteurs ont déjà argué que les changements causeraient des torts aux Canadiens de diverses classes sociales et de différents secteurs.

«Nous écoutons - nous avons entendu des choses qui seront importantes dans notre implantation (de la réforme)», a dit M. Morneau, lundi, durant la période des questions à la Chambre des communes.