Le caractère inégal de la reprise mondiale exigera beaucoup de doigté à la Banque du Canada dans l'atteinte de sa cible d'inflation, en dépit de la robustesse de notre économie.

«Étant donné l'incertitude qui continue à peser sur les perspectives, toute nouvelle réduction du degré de relance monétaire devra être évaluée avec soin en fonction de l'évolution économique à l'échelle nationale et internationale», a réitéré hier son gouverneur, Mark Carney, devant la Chambre de commerce du Grand Charlottetown. Ce faisant, la Banque garde toujours toutes ses options ouvertes quant à sa prochaine annonce de fixation de son taux directeur, le 20 juillet et ne change en rien sa nouvelle orientation dans la conduite de la politique monétaire.

En le portant de 0,25% à 0,50% le 1er juin, la Banque avait une première fois précisé qu'«étant donné l'incertitude notable pesant sur les perspectives, toute nouvelle réduction du degré de détente monétaire devra être évaluée avec soin, en fonction de l'évolution économique à l'échelle nationale et internationale».

Dans son allocution qui reprenait les thèmes qu'il a développés durant tout le printemps, M. Carney s'est longuement attardé sur l'obligation de résultat pour le G20 qui se réunit à Toronto, à la fin du mois. Le durcissement budgétaire des pays trop endettés doit s'accompagner par une hausse des taux de change réels à la demande intérieure des pays en situation de surplus comme en Asie et dans les monarchies pétrolières. Faute de quoi, a rappelé M. Carney, le manque à gagner du produit intérieur brut (PIB) pourrait atteindre 7000 milliards de dollars d'ici 2015. Grosso modo, c'est comme si on effaçait le PIB du Canada dans l'économie mondiale durant cette période.

«Le G20 s'est doté d'un programme complet et radical, mais il nous faut joindre le geste à la parole», a souligné M. Carney.

Le Canada, qui présidera les travaux de la rencontre, s'est fixé quatre objectifs, a-t-il rappelé:

> 1. mise en oeuvre par chacun de mesures appropriées à l'appui d'une croissance forte, durable et équilibrée pour combler le manque à gagner de 7000 milliards;

> 2. modification des comportements et ajustements des politiques conséquentes;

> 3. réforme financière pour protéger les banques contre les cycles économiques et les cycles contre les banques;

> 4. rejet du protectionnisme dans le commerce et la finance.

M. Carney a aussi insisté sur le défi de productivité auquel le Canada est confronté. «Même lorsque nous investissons, nous sommes médiocres, a-t-il rappelé. La piètre progression de notre productivité multifactorielle indique que les entreprises canadiennes n'utilisent pas efficacement le capital qu'elles acquièrent.»

Son discours mettait l'accent sur l'urgence de se montrer audacieux, face à l'avenir, tant pour les États que pour les entreprises.

«La promptitude et l'efficacité influeront sur l'activité économique et sur l'inflation au Canada et, par conséquent, sur l'orientation de la politique monétaire, a dit M. Carney. La Banque devra se montrer agile.»