Afin de retaper l'immobilier résidentiel, mis à mal par la crise financière, le ministre des Finances Jim Flaherty débloque 3 milliards de dollars pour financer un crédit d'impôt temporaire à la rénovation.

Le crédit de 15% s'appliquera aux dépenses qui excèdent 1000$, jusqu'à concurrence de 10 000$. Ainsi, les familles qui entreprennent des travaux pourront récupérer jusqu'à 1127$, en tenant compte de l'abattement fiscal du Québec, calcule Stéphane Leblanc, fiscaliste associé chez Ernst&Young.

 

Selon le ministre des Finances, cette mesure permettra de «raviver nos industries de la construction et des matériaux de construction, sans compter le secteur forestier et d'autres industries canadiennes.»

Les propriétaires pourront réclamer le crédit pour des dépenses engagées lors de travaux majeurs, comme l'aménagement du sous-sol, la réfection du toit, la rénovation de la cuisine.

Par contre, les dépenses liées à l'entretien régulier, comme le lavage des vitres ou le nettoyage du tapis, ne seront pas acceptées. Pas plus que l'achat de meubles et d'électroménagers, d'ailleurs.

Les familles pourront cumuler les dépenses faites à leur chalet et à leur maison, pourvu qu'il s'agisse d'une propriété qu'elles utilisent à leurs fins personnelles. Conséquemment, les propriétaires d'immeubles à revenus ne se qualifient pas.

Notez aussi qu'il s'agit d'un crédit non remboursable, ce qui signifie qu'il n'a aucune valeur pour ceux qui ne paient pas d'impôt.

La mesure débute aujourd'hui même et se terminera le 31 janvier 2010. Ottawa prévoit qu'environ 4,6 millions de familles profiteront de ce coup de main qui lui coûtera 500 millions en 2008-2009 et 2,5 milliards l'année suivante.

Si ces prévisions se réalisent, les Canadiens se lanceront donc dans des dépenses de plus de 20 milliards.

«C'est une mesure qui est intelligente, car elle va stimuler l'économie et, en même temps, elle va contrer le travail au noir. Cela réduira son coût fiscal pour le gouvernement», commente M. Leblanc.

Le nouveau crédit fédéral se superposera à celui dévoilé par Québec, lors de son récent énoncé économique. Les libéraux ont accordé un crédit d'impôt remboursable d'une valeur maximale de 2500$. Le crédit s'établit à 20% des rénovations qui excèdent 7500$, jusqu'à concurrence de 20 000$.

Pour profiter des deux crédits au maximum, une famille devra dépenser 20 000$, ce qui lui vaudra des remboursements d'impôts totalisant 3627$, soit un peu plus de 18% du coût des rénovations, comme le démontre notre tableau.

Aide aux premiers acheteurs

Par ailleurs, Ottawa instaure un nouveau crédit qui fera épargner 626$ (en tenant compte de l'abattement) à ceux qui achètent une nouvelle maison. Le crédit non remboursable se veut une façon d'aider à payer les divers frais engendrés par l'achat d'une maison (notaire, inspection, etc.)

Et pour favoriser l'accès à la propriété, le ministre Flaherty rehausse de 20 000$ à 25 000$ la somme que les Canadiens peuvent retirer de leur Régime enregistré d'épargne retraite (REER) dans le cadre du Régime d'accession à la propriété (RAP) pour financer l'achat de leur première maison.

Il faut dire que le prix des maisons au Canada a explosé depuis la création du RAP, en 1992, et les règles n'avaient jamais été ajustées à l'inflation.

Cela permettra aux acheteurs de se constituer plus facilement une mise de fonds. Ceux-ci doivent toutefois rembourser leur RAP graduellement sur 15 ans. Or, environ 40% ne font pas leur remboursement minimal annuel, selon le ministère des Finances. Ils doivent alors inclure cette somme dans leur déclaration de revenus... et payer l'impôt.