Après une année record, le marché automobile américain semble s'essouffler: les ventes de voitures ont baissé plus que prévu en juillet malgré de fortes promotions et de bas prix de l'essence à la pompe, conduisant experts et constructeurs à revoir leurs prévisions.

Le «Big Three» de Detroit, berceau de l'automobile américaine, a annoncé vendredi des ventes mensuelles décevantes.

Elles ont reculé de 1,93% à 267 258 unités chez General Motors (GM) contre une hausse de 1,9% anticipée par le cabinet spécialisé Edmunds. La marque Chevrolet, qui représente 67% des ventes du groupe, accuse même une baisse de 5,3% de ses ventes.

Deuxième groupe automobile américain, Ford a fait état d'une diminution de 3% de ses ventes à 216 479 unités, bien plus que le recul de 1,7% attendu par Edmunds.com.

Quant à FCA US (Fiat-Chrysler), objet d'une enquête des autorités américaines pour ventes factices, ses ventes ont augmenté de 0,3% à 180 727 véhicules, mais c'est moins que les 184.447 unités attendues.

La déprime touche aussi les constructeurs étrangers présents aux États-Unis: Toyota, premier constructeur mondial, a vu ses ventes mensuelles baisser de 1,4% à 214 233 unités.

«Le marché des voitures neuves semble avoir atteint son pic en termes de ventes et maintenant il y a de fortes chances que 2016 ne soit pas une autre année record», avance Tim Fleming, analyste chez Kelley Blue Book.

Le cabinet ne s'attend plus en 2016 qu'à des ventes de 17,4 millions à 17,8 millions en rythme annuel corrigé des variations saisonnières (SAAR), soit une baisse d'environ 2% comparé à 2015.

Ford pessimiste, GM optimiste

Ce pessimisme est partagé par Ford qui a abaissé entre 17,4 et 17,9 millions contre 17,5 et 18,5 millions auparavant sa prévision de ventes pour l'ensemble de l'industrie et a averti que le ralentissement du marché américain allait impacter négativement ses résultats annuels.

Si ces projections se vérifiaient, ce serait la première année de baisse des ventes de voitures aux États-Unis depuis la récession de 2009 quand seulement 10,4 millions de véhicules avaient été écoulés.

Cette année-là fut aussi marquée par le dépôt de bilan de GM et Chrysler, tandis que Ford faisait le choix d'une vaste restructuration comprenant des milliers de suppressions d'emplois.

Depuis, Detroit a retrouvé le sourire avec environ 17,47 millions de véhicules vendus en 2015, un record depuis 2000, ce qui faisait espérer une poursuite de cette dynamique.

Si l'économie américaine reste solide, la demande de voitures des loueurs et des entreprises, prudentes en raison des incertitudes planant sur la croissance mondiale amplifiée par le vote britannique en faveur d'une sortie prochaine du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit), a beaucoup diminué.

Ford, qui a concentré ses efforts pour séduire cette clientèle, est ainsi particulièrement affecté, alors que GM résiste grâce à l'accent mis sur les particuliers.

GM, qui a relevé récemment ses objectifs financiers annuels, continue de penser que 2016 devrait être une année de ventes record, car le second semestre devrait être tiré par les promotions prévues pour les saisons de gros achats du «Black Friday» en novembre et des fêtes de fin d'année en décembre.

«Les taux d'intérêt bas, le «plein emploi», des prix de l'essence stables et une hausse des salaires sont toujours en place. Ces facteurs positifs continuent d'indiquer que la seconde moitié de l'année sera solide et pointent vers une autre année de record potentiel pour l'industrie», avance Mustafa Mohatarem, économiste en chef de GM.

Pour doper leurs ventes, les constructeurs présents aux États-Unis ne lésinent pas sur les promotions.

Ford par exemple offre des prêts sur 72 mois à taux zéro et des rabais allant jusqu'à 1000 dollars.

L'avantage de ces promotions est qu'elles incitent les ménages à acheter les grosses voitures aux marges lucratives comme l'atteste la hausse du prix de la transaction moyenne. En juillet, il s'élevait à 34 887 dollars chez GM, soit 1100 dollars de plus comparé à juillet 2015.

«Il y a encore de la place pour la croissance. Mais elle sera limitée», estime toutefois Jessica Caldwell, analyste chez Edmunds.com.