Après l'annonce par PSA d'un plan de suppressions d'emplois jugé en l'état «inacceptable» par François Hollande, le gouvernement entame cette semaine des discussions avec les syndicats et la direction, mais ses moyens d'action apparaissent flous.

Le plan de PSA Peugeot Citroën de 8 000 suppressions de postes «n'est pas acceptable en l'état, il faut en améliorer considérablement la qualité», a répété dimanche Pierre Moscovici, le ministre de l'Économie et des Finances.

Refusant de donner tout détail sur le plan automobile qui sera présenté en conseil des ministres le 25 juillet, M. Moscovici a cependant souligné que «ce ne serait pas un «plan Peugeot», mais un plan pour toute la filière, PSA, Renault et la sous-traitance». «Nous ne sommes pas démunis», a-t-il assuré.

Le 25 juillet se tiendra aussi le prochain Comité central d'entreprise (CCE) de PSA qui marquera le début de la négociation entre direction et syndicats sur les mesures radicales annoncées le 12 juillet.

Mais dès les prochains jours, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, va rencontrer direction et syndicats du constructeur automobile. Mardi, M. Montebourg va recevoir les représentants syndicaux du constructeur et mercredi le président du directoire, Philippe Varin.

Le président de la République, François Hollande, a renvoyé samedi PSA à ses responsabilités en incriminant «des choix stratégiques qui n'ont pas été bons».

Interrogé sur la «légitimité» de M. Varin à la tête de PSA, M. Moscovici a pour sa part souligné que l'entreprise étant «privée», elle choisissait «son propre management».

«On va discuter avec Varin. Je ne suis pas là pour déstabiliser, mais pour construire et trouver des solutions», a-t-il ajouté.

PSA a provoqué un choc national en annonçant 8 000 suppressions de postes en France, la fermeture en 2014 de l'usine d'Aulnay, près de Paris (3 000 salariés) et la disparition de 1 400 nouveaux postes à Rennes (ouest).

Au total, environ un emploi sur dix dans l'activité automobile de PSA en France va disparaître.

L'intervention du chef de l'État samedi n'a pas rassuré sur les moyens d'action que le gouvernement est à même de déployer à l'égard d'un groupe dont l'État n'est pas actionnaire.

Aucun licenciement sec

«M. Hollande a jugé inacceptable le plan de licenciements "en l'état". Pour nous, c'est le plan de licenciements tout court qui est inacceptable», a réagi samedi Jean-Pierre Mercier, délégué central CGT à l'usine d'Aulnay estimant «insuffisants» les propos du président.

L'État a «les moyens d'interdire la fermeture» de l'usine en Seine-Saint-Denis, insiste-t-il.

Mais François Hollande n'a pas entretenu cet espoir: le gouvernement ne peut pas interdire la fermeture du site, mais «nous pouvons faire en sorte qu'Aulnay reste un site industriel», a-t-il dit.

La déléguée du SIA, syndicat majoritaire à l'usine d'Aulnay, Tania Sussest lui demande de recevoir des représentants des salariés. Du président, elle attendait dimanche «de vraies propositions pour assurer l'avenir des salariés d'Aulnay».

La «concertation» devra aboutir à «ce qu'il n'y ait aucun licenciement sec» et que «chaque salarié» se voit proposer «des solutions», a souhaité le président.

François Hollande s'est montré particulièrement virulent à l'égard de la direction, l'accusant de «mensonge» sur ses véritables intentions ces derniers mois, pour attendre l'après-présidentielle.

«Il n'avait jamais été question d'un plan de cette ampleur», a affirmé dimanche l'ex-ministre de l'Économie François Baroin. Pour sa part, Marine Le Pen (FN) a appelé le gouvernement à «agir énergiquement», quitte à entrer au capital du constructeur.

Le gouvernement a chargé un expert d'examiner la situation financière du groupe pour évaluer avant fin juillet si les mesures radicales prévues «sont nécessaires et proportionnées aux difficultés alléguées», selon la feuille de route. Le diagnostic qui sera tiré sera un élément de poids dans la négociation qui va s'engager.