Le sort du constructeur automobile allemand Opel était vendredi entre les mains de sa maison-mère General Motors, qui devait réunir sa direction pour choisir un repreneur entre le canadien Magna, favori de Berlin, et le fonds belge RJH, que préfère GM.

«Les administrateurs de GM se réuniront dans la journée en conférence téléphonique pour discuter des offres proposées», a-t-on appris auprès d'un dirigeant de GM, qui a souhaité garder l'anonymat.

Alors que le gouvernement allemand, désireux de boucler l'interminable dossier Opel avant les législatives de septembre, a mis la pression sur GM en annonçant un verdict d'ici la fin de semaine, la source chez GM a indiqué à l'AFP qu'une décision définitive interviendrait plutôt la semaine prochaine.

Le suspense restait entier jeudi sur ce que pourrait décider GM, alors que le camp de l'équipementier Magna cherchait à rallier la firme de Detroit à sa cause.

Un responsable de Magna a confirmé à l'AFP une rencontre jeudi à Detroit entre des représentants de Magna et de son partenaire russe Sberbank avec leurs homologues de GM, tout en la qualifiant de simple «exercice d'entretien des relations». Selon cette source restée anonyme, «il n'y a eu aucune négociation».

La cession d'Opel s'est faite plus pressante ces derniers mois, au fur et à mesure que GM se dirigeait vers une procédure de faillite. Mais la survie d'Opel, qui emploie 25 000 personnes en Allemagne, est jugée impensable sans un partenaire.

Fin mai, quelques jours avant le dépôt de bilan de GM aux États-Unis, Magna, associé à Serbank et au constructeur russe GAZ, signait un accord de principe pour reprendre Opel.

Toutefois depuis, GM et Berlin ont fait monter les enchères. Le constructeur italien Fiat et le chinois BAIC ont manifesté leur intérêt, mais c'est le fonds d'investissement belge RHJ qui a émergé comme faisant l'offre la plus solide.

Magna prévoit d'apporter 350 millions d'euros de capitaux propres et 150 millions de crédit à Opel, tandis que RHJ a promis 275 millions de capitaux propres.

Si Berlin a réitéré sa préférence pour Magna, GM estime que le plan de reprise de RHJ est plus facile à mettre en place.

Le processus de redressement judiciaire de GM a ralenti le dossier Opel. Les espoirs d'une décision de GM ont été douchés lors de la première réunion du tout nouveau conseil d'administration du constructeur, le 4 août, à l'issue de laquelle rien n'a émergé.

L'échéance des élections législatives allemandes du 27 septembre se rapprochant, Berlin a intensifié la pression sur GM.

Jeudi, le gouvernement allemand a lancé une nouvelle offensive pour aider le camp Magna, en proposant d'avancer seul -- sans autre pays européen -- les aides publiques réclamées par le canadien, soit 4,5 milliards d'euros. C'est plus que les 3,8 milliards d'aides réclamées par RHJ.

Même une fois rachetée, la survie d'Opel à long terme n'est pas garantie, tant qu'elle ne sera pas redevenue une entreprise compétitive à l'échelle mondiale, a estimé vendredi le ministre allemand de l'Economie Karl-Theodor zu Guttenberg (conservateur), dans un entretien au Financial Times Deutschland.

Quelle qu'elle soit, la décision de GM ne sera pas la dernière étape du dossier Opel: il faut encore l'aval d'un groupe de travail nommé par Berlin et de la société fiduciaire qui gère actuellement les actifs de GM en Europe.

Le nouveau GM a émergé de la faillite sensiblement rétréci à quatre marques nationales --Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC-- et avec un actionnariat remanié. L'ex numéro un mondial est détenu à 60,8% par l'État américain, 11,7% par l'État canadien, 17,5% par le syndicat automobile américain UAW, et à 10% par ses créanciers.