(Tianjin) « Tout le monde est entremêlé » : le premier ministre chinois Li Qiang a déploré mardi dans un discours les appels occidentaux à réduire les dépendances vis-à-vis de son pays, y voyant une « fausse proposition ».

Le chef du gouvernement et deuxième personnage de l’État, qui en Chine est plus spécifiquement chargé des questions économiques, a également insisté sur la nécessité de « coopérer », seule voie selon lui pour générer croissance et prospérité.

Son discours, prononcé à l’ouverture du Forum économique mondial à Tianjin (nord de la Chine), connu familièrement sous le nom de « Davos d’été », intervient à un moment de défiance en Occident face aux dépendances économiques vis-à-vis du géant asiatique.

La Commission européenne a ainsi dévoilé la semaine dernière sa stratégie pour répondre de façon plus ferme aux risques pesant sur sa sécurité économique, avec notamment la Chine en ligne de mire.

L’Allemagne, où Li Qiang était récemment en visite officielle, a affirmé vouloir diversifier ses partenaires pour « réduire les risques » liés à sa grande dépendance à la Chine.  

D’autres pays occidentaux ont également adopté des positions similaires, à l’image des États-Unis qui poussent par exemple leurs alliés occidentaux à réduire leur dépendance aux technologies chinoises au nom de la sécurité nationale.

« En Occident, certaines personnes montent en épingle le principe selon lequel il faudrait réduire la dépendance, éradiquer les risques », a déclaré mardi le premier ministre chinois.  

« Ces deux concepts, c’est une fausse proposition, car avec le développement de la mondialisation, l’économie mondiale est devenue une communauté où tout le monde est entremêlé », a-t-il souligné.

« Les économies des pays sont imbriquées, interdépendantes, prospèrent mutuellement et se développent ensemble. C’est fondamentalement une bonne chose, pas une mauvaise chose ! »

Ligne dure

Bruxelles veut trouver son propre positionnement économique à l’égard de Pékin, malgré les pressions exercées par les États-Unis en faveur d’une ligne dure.

Sur fond de rivalité Pékin-Washington sur les semi-conducteurs, les États-Unis imposent depuis l’an passé des restrictions sur l’accès de la Chine aux puces haut de gamme. Ils empêchent par ailleurs des dizaines d’entreprises chinoises d’acquérir des technologies américaines.

Mais Washington ne cherche pas à « enrayer » le développement chinois, a assuré la semaine dernière le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors d’une visite à Pékin.

Cette édition du Forum économique mondial est la première organisée en Chine depuis 2019 en raison de la pandémie de COVID-19. Elle durera jusqu’à jeudi.

Li Qiang a également prononcé à d’innombrables reprises mardi le mot de « coopération ».

« Il y a encore de nombreux défis et difficultés mondiaux devant nous, tels que le changement climatique, le risque d’endettement, la croissance qui ralentit, les écarts entre les riches et les pauvres », a souligné M. Li.

« Pour résoudre la série de problèmes majeurs auxquels l’humanité est confrontée […] une coopération mutuelle est nécessaire », a-t-il insisté.

« Nous avons l’espoir »

Li Qiang a également affiché mardi son optimisme vis-à-vis de l’économie chinoise, en dépit d’un essoufflement de la reprise dans la deuxième économie mondiale.

Le PIB (produit intérieur brut) chinois avait progressé l’an dernier de 3 %, loin de l’objectif officiel de 5,5 %, et à l’un des rythmes les plus faibles depuis quatre décennies.

Pour 2023, cet objectif a été fixé à « environ 5 % » par le gouvernement.

« Cette année, nous avons l’espoir de pouvoir atteindre (cet) objectif de croissance », a déclaré mardi le premier ministre chinois.

Ces propos interviennent au moment où la deuxième économie mondiale fait face à de nombreuses difficultés.

La reprise post-COVID-19 tant espérée après la levée des restrictions sanitaires fin 2022 tend ces dernières semaines à s’essouffler.

L’économie est pénalisée par le surendettement du secteur immobilier (un traditionnel pilier de croissance), une consommation en berne dans un contexte d’incertitude sur le marché du travail et le ralentissement économique mondial qui pèse sur la demande en biens chinois.  

Pour stimuler l’activité, la banque centrale a procédé ces dernières semaines à plusieurs réductions de taux, au moment où nombre d’économistes plaident davantage pour un plan de relance.

Mais les autorités semblent pour l’heure écarter cette option, au profit de mesures ciblées.