L'inflation continue de défier toute logique au Canada, demeurant solide malgré une économie faible et des conditions d'emploi encore moins favorables.

Pour un deuxième mois de suite, l'indice des prix à la consommation s'est hissé le mois dernier à son niveau le plus élevé depuis deux ans, soit 2,4 %, après avoir progressé de 2,3 % en mai.

Peut-être encore plus étonnant, la situation ne se résume plus à l'essence. Bien que l'énergie demeure un élément clé, les prix des aliments ont également augmenté et les coûts du logement demeurent en ébullition, tout comme ceux d'autres biens que les Canadiens achètent régulièrement.

«L'ampleur est impressionnante, avec plus de 50 % de toutes les catégories qui augmentent maintenant à un rythme supérieur à deux % (la cible de la Banque du Canada)», a fait remarquer Doug Porter, économiste en chef de BMO Marchés des capitaux.

Les analystes s'attendaient à ce que l'inflation atteigne un plateau de 2,3 % avant de possiblement commencer à donner des signes d'essoufflement lors des mois à venir, alors que les prix de l'essence commencent à descendre et que l'impact de la perte de vigueur du huard se fait sentir au niveau de l'économie.

Plus tôt cette semaine, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a reconnu que l'inflation était plus élevée que ce qu'il avait prévu, mais il s'en est tenu au scénario voulant que les tensions sur les prix commenceront sous peu à s'atténuer.

M. Poloz a cité le ralentissement de l'économie, les faibles gains au chapitre des salaires de même que la vive concurrence au sein du secteur du détail parmi les facteurs susceptibles d'agir contre les tensions sur les prix. La banque centrale s'attend à ce que l'inflation chute sous la barre des deux % au cours des quelque 12 mois à venir, avant de remonter à son taux cible en 2016.

Néanmoins, la poussée constante des prix depuis octobre, alors que l'inflation était de 0,7 %, a été plus persistante et solide que ne l'avaient prévu la banque centrale et la plupart des économistes.

David Madani, de Capital Economics, a estimé peu probable que la surprise provoquée par les données rendues publiques vendredi par Statistique Canada soit de nature à préoccuper la Banque du Canada.

Pour la plupart, les analystes ne s'attendent pas à ce que la banque centrale commence à resserrer les conditions d'emprunt avant la fin de l'année prochaine ou même le début de 2016.

Statistique Canada a indiqué que les prix de toutes les composantes principales avaient augmenté d'une année à l'autre, en juin, bien que le gain de 5,4 % dans les prix de l'essence soit moindre que celui de 6,3 % du mois de mai.

Les prix des aliments ont augmenté de 2,9 % et les prix des aliments achetés en magasin ont progressé de 3,2 % par rapport à juin 2013. Les consommateurs ont payé 9,4 % de plus pour la viande et 9,5 % de plus pour les légumes frais.

L'augmentation des taxes sur le tabac - notamment au Québec - a contribué au bond de 10,3 % du prix des cigarettes observé le mois dernier.

La situation pour les provinces et territoires

Voici la situation selon les provinces et territoires. (Le mois précédent se trouve entre parenthèses):

- Terre-Neuve-et-Labrador 2,5 (2,6)

- Île-du-Prince-Édouard 2,0 (2,6)

- Nouvelle-Écosse 2,2 (2,5)

- Nouveau-Brunswick 2,0 (2,2)

- Québec 1,7 (1,6)

- Ontario 3,0 (2,8)

- Manitoba 1,9 (2,6)

- Saskatchewan 2,2 (2,5)

- Alberta 1,9 (2,5)

- Colombie-Britannique 1,9 (1,5)

- Whitehorse, Yukon 1,0 (2,0)

- Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest, 1,8 (2,1)

- Iqaluit, Nunavut 1,0 (0,8)