Fairfax Financial a bien tenté de trouver un groupe québécois pour investir dans le sauvetage de BlackBerry, mais en vain.

«Nous avons communiqué avec des investisseurs de long terme partout dans le monde. Il n'y a pas d'investisseur du Québec dans notre consortium, mais ce n'est pas faute d'en avoir cherché», a déclaré hier Paul Rivett, président de Fairfax, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

Fairfax, qui avait présenté une offre d'achat de 4,8 milliards pour BlackBerry en septembre, n'a pas réussi à trouver le financement nécessaire pour conclure la transaction. Plus tôt cette semaine, le holding du financier torontois Prem Watsa a donc annoncé la mise sur pied d'un consortium qui prêtera 1 milliard US au fabricant de téléphones intelligents dans l'espoir de le remettre sur pied.

Convaincre des investisseurs de plonger dans cette aventure pour le moins risquée n'a pas été de tout repos. «C'est difficile d'aller à contre-courant et de trouver des investisseurs qui pensent à long terme, a reconnu M. Rivett. Mais nous avons réussi, alors c'est faisable!»

À la fin de l'été, le grand patron de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia, s'était dit prêt à envisager un investissement dans BlackBerry, mais il s'était ravisé en octobre. À sa décharge, aucun fonds de retraite canadien n'a répondu à l'appel de Fairfax.

Des atouts

Bien entendu, Paul Rivett se montre optimiste quant à l'avenir de BlackBerry, dont l'action a chuté de près de 90% au cours des cinq dernières années.

«Il y a plusieurs éléments intéressants au sein de l'entreprise qui nous permettent d'ouvrir de nouveaux créneaux et de connaître du succès», a expliqué M. Rivett.

Il a notamment évoqué le service de messagerie instantanée BBM, offert depuis peu sur les plateformes mobiles de Google et d'Apple, ainsi que la filiale QNX, qui commercialise un système d'exploitation utilisé par BlackBerry et les constructeurs automobiles.

Fairfax fonde aussi beaucoup d'espoirs sur le nouveau PDG de BlackBerry, John Chen, qui a redressé l'éditeur de logiciels américain Sybase avant de le vendre au géant allemand SAP à fort profit.

Et si les choses devaient mal aller, Fairfax et ses partenaires ne risquent pas de se retrouver complètement le bec à l'eau.

«Pour un investissement de 1 milliard, nous avons 2 milliards de comptes clients, de 2 à 4 milliards de brevets, y compris ceux de Nortel, 2,6 milliards de liquidités et près de 1 milliard d'immeubles, a énuméré Paul Rivett. C'est une bonne protection.»

Fairfax et ses partenaires se donnent quelques années pour que BlackBerry redevienne viable.

«Nous nous attendons à ce qu'il y ait encore de quatre à six trimestres difficiles, a précisé M. Rivett. Mais dans deux ou trois ans, je pense que la situation sera très différente.»