Pour la première fois en 15 ans, les revenus mondiaux de l'industrie du disque ont augmenté en 2012. La hausse est minime, à peine 0,3%, mais elle représente une musique douce à l'oreille de cette industrie, qui se demande depuis l'apparition de Napster quand s'arrêtera sa chute.

Cette fois, les géants de l'industrie de la musique y croient. Au terme d'une chute de 40% de leurs revenus étalée sur 15 ans, ils ont fini par atteindre le fond du baril. Ils peuvent maintenant regarder vers le haut.

Les revenus mondiaux de l'industrie du disque ont atteint 16,5 milliards$ US en 2012, selon des données de l'International Federation of the Phonographic Industry (IFPI), le regroupement des grandes multinationales du disque. Il s'agissait de la première hausse depuis 1998, alors que les recettes étaient passées de 26,6 à 27,8 milliards.

«Il n'y a pas de doute que nous nous dirigeons vers la croissance», affirme la présidente de l'organisme, Frances Moore, dans son introduction au Digital Music Report 2013, où sont présentées ces données.

«Pour l'industrie mondiale de la musique, il est difficile de se souvenir d'une année qui débute avec un optimisme aussi palpable. [...] Ce rapport reflète l'optimisme ressenti dans l'industrie musicale du monde entier. Nous sommes sur le chemin de la reprise et nous menons l'économie numérique.»

Grâce à l'internet

Le lancement de Napster, en 1999, a marqué le début de la longue et pénible glissade de l'industrie de la musique. Le logiciel introduisait de nouvelles technologies d'échanges de fichiers entre internautes qui rendaient le téléchargement illégal de pièces musicales accessible à tous les internautes, même les novices.

Forcé par une injonction de fermer son réseau en 2001, Napster a néanmoins eu le temps d'inspirer une série de successeurs qui, encore aujourd'hui, hantent l'industrie musicale.

Après avoir fait fausser l'orchestre, donc, l'internet est maintenant le principal responsable de la faible hausse observée en 2012. Les revenus provenant de sources numériques ont atteint 5,6 milliards à l'échelle mondiale, une hausse de 10% par rapport à 2011.

Cette augmentation fait en sorte que le numérique, sous toutes ses formes, représente maintenant plus du tiers (34%) des revenus des compagnies de disques.

Pour la première fois en 2012, l'augmentation de 500 millions des ventes numériques a réussi à effacer la diminution, équivalente, des ventes sur support physique.

Plusieurs facteurs expliquent cette progression des revenus numériques. D'abord, le modèle s'internationalise.

«Il y a à peine deux ans, les services les plus populaires, comme iTunes, Spotify et Deezer, étaient présents dans seulement 20 pays, écrit Mme Moore. Aujourd'hui, on les retrouve dans plus de 100 pays, dont des marchés émergents à forte croissance comme le Brésil, l'Inde et la Russie.»

Cette internationalisation numérique permet aussi à l'industrie de tirer des revenus de pays où la faiblesse des réseaux de commerce au détail rendait difficile la vente de disques.

De nouvelles formules

Mais l'augmentation des revenus numériques est aussi due à la diversification de l'offre.

Si les boutiques qui permettent le téléchargement de pièces, comme iTunes, représentent encore 70% des revenus numériques et ont vu leurs ventes augmenter de 12%, c'est la montée en popularité des services d'abonnement qui retient l'attention.

On comptait 20 millions d'abonnés à des services musicaux payants en 2012. C'est sans compter les services gratuits financés par la publicité, très populaires. En Europe, les services d'abonnement représentent jusqu'à 20% des revenus totaux de l'industrie du disque, selon l'IFPI.

«Les services d'abonnement sont le secteur de la musique numérique en plus forte croissance, écrit l'IFPI, avec une hausse de 44% du nombre d'abonnés en 2012 et une hausse de 59% des revenus dans la première moitié de l'année.»

Les causes de la popularité grandissante des services d'abonnement sont multiples, selon l'organisme: partenariats avec des fournisseurs d'accès ou de téléphonie mobile, expérience utilisateur améliorée, intégration aux réseaux sociaux et variété dans les prix.

Les 10 chansons les plus vendues par internet dans le monde en 2012

Carly Rae Jepsen - Call Me Maybe - 12,5 Millions

Gotye - Somebody That I Used to Know - 11,8 millions

Psy - Gangnam Style - 9,7 millions

Fun -We Are Young - 9,6 millions

Maroon 5 - Payphone - 9,1 millions

Michel Telo - Ai se eu te pego - 7,2 millions

Nicki Minaj - Starships - 7,2 Millions

Maroon 5 - One More Night - 6,9 millions

Flo Rida - Whistle - 6,6 millions

Flo Rida - Wild Ones - 6,5 millions

Source IPFI