Alors que l'économie canadienne multiplie les signes d'essoufflement, les entreprises ont massivement embauché le mois dernier.

Au sud de la frontière, l'ouragan Sandy paraît avoir épargné le marché du travail où le nombre de participants reste cependant encore faible.

Au Canada, on comptait 59 300 personnes de plus à détenir un emploi en novembre, selon les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada. Qui plus est, l'écrasante majorité de ces embauches étaient à temps plein, salariés et dans le secteur privé. Cela a permis de ramener le taux de chômage de 7,4% à 7,2%, son creux du présent cycle, et de refaire passer le nombres de demandeurs d'emploi sous la barre de 1,4 million. Le taux d'emploi a, quant à lui, grimpé à 62,0%, ce qui est près de son sommet cyclique.

Les nouvelles embauches ont été concentrées en Ontario et au Québec où le taux de chômage s'établit à 7,6%, en baisse de deux dixièmes.

Fait à signaler, le Québec compte 132 200 emplois de plus qu'en décembre avec l'apport des 18 200 embauches de novembre. C'est tout près de la moitié de la création d'emplois d'un océan à l'autre, malgré une croissance famélique. «Au regard de la faible croissance du PIB québécois depuis un an, la question de la productivité est de celles qui commencent à préoccuper», souligne Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins.

Elle l'est d'ailleurs préoccupante à l'échelle canadienne: elle a reculé de 0,5% au troisième trimestre, révélait aussi l'agence fédérale hier. En un an, elle a progressé de 0,1% seulement contre 1,6% aux États-Unis.

Tout comme à l'échelle canadienne, les nouveaux emplois québécois sont concentrés dans le secteur des services, dans le commerce, les soins de santé et les administrations publiques, en particulier. Autant de segments où les gains de productivité sont plus difficiles à réaliser et à mesurer.

Tout comme à l'échelle canadienne, on y observe aussi une diminution de l'effectif sur les chantiers de construction et en usines.

Néanmoins, l'emploi manufacturier reste en hausse depuis le début de l'année tandis que l'effectif dans la construction est moins élevé qu'en décembre, d'un océan à l'autre du moins. Cela reflète la chute des mises en chantiers dans quelques grandes villes, telles Toronto ou Vancouver.

«La croissance annuelle de l'emploi manufacturier reste accrochée depuis sept mois en territoire positif avec un taux de 5,9% en novembre, calcule Audrey Azoulay, directrice affaires publiques et relations gouvernementales chez les Manufacturiers et exportateurs du Québec. Le mouvement est nouveau et très léger, mais la part du Québec dans l'emploi manufacturier canadien semble augmenter depuis les six derniers mois.»

Seules ombres au tableau des résultats de l'EPA en novembre, le nombre d'heures travaillées stagne depuis le début du trimestre tandis que la croissance de la masse salariale reste faible. «Cela s'explique en partie par le fait que bon nombre des nouveaux emplois étaient concentrés chez les jeunes qui gagnent généralement moins, fait remarquer Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. Cela signifie que le pouvoir d'achat des consommateurs canadiens n'était pas impressionnant, ce trimestre.»

Chez nos voisins du Sud, le nombre de salariés non agricoles a augmenté de 146 000, ce qui a surpris les prévisionnistes. Ils s'attendaient à deux fois moins d'embauches, compte tenu du déferlement de l'ouragan Sandy survenu durant la période d'enquête du Bureau of Labour Statistics.

Ces résultats sont toutefois moins encourageants quand on tient compte des révisions des deux derniers mois qui soustraient 50 000 emplois aux chiffres initialement publiés.

Depuis le début de l'année, la création mensuelle moyenne d'emplois est d'environ 150 000, soit la même qu'en 2011. On compte toujours 12 millions de chercheurs actifs d'un gagne-pain.

Néanmoins, le taux de chômage a de nouveau reculé en novembre, passant de 7,9% à 7,7%, mais pour de mauvaises raisons. Le taux de participation des 16 ans et plus au marché du travail a reculé de deuxièmes à 63,6%. Le taux d'emploi est quant à lui resté stable à 58,7%.

Si on applique la méthodologie américaine au marché du travail canadien, on mesure mieux le chemin que les États-Unis ont encore à parcourir. En plaçant le seuil d'entrée dans la population active à 16 ans au lieu de 15, notre taux de chômage descend à 6,3% et notre taux d'emploi monte à 62,6%.