Le développeur de jeux vidéo Hibernum sort finalement de sa tanière. Après avoir agi depuis ses débuts à titre de sous-traitant de l'industrie, l'entreprise montréalaise signera cette année ses premières créations.

La boîte du quartier Griffintown se promet une année faste. Dans ses ordinateurs sommeillent une dizaine de projets, et pas moins de la moitié seront proposés au fil des mois aux joueurs de la planète.

Selon Frédérick Faubert, président et fondateur d'Hibernum, le lancement de projets maison était dans les cartons depuis la fondation de l'entreprise.

«C'était l'objectif», ajoute Louis-René Auclair, vice-président au développement des affaires, en accentuant bien le déterminant de sa phrase.

Leur premier bébé sortira de l'anonymat aujourd'hui même. Son nom: Blockolicious. Dans la lignée des Diamond Mine et Bejeweled, le jeu s'adressera aux usagers des tablettes et téléphones intelligents et sera d'abord réservé aux plateformes d'Apple.

Pour le faire connaître, les dirigeants d'Hibernum se sont allié les services de Chillingo, spécialiste du marketing qui a participé à la création des mythes d'Angry Birds et de Cut the Rope, entre autres. L'entreprise compte toutefois se démarquer par la grande qualité de ses productions.

«Il n'y a pas de recette magique, mais à la base, il faut faire un jeu qui est très poli, explique Louis-René Auclair. Il faut qu'il y ait un intérêt visuel et sonore très fort dans les 30 premières secondes d'utilisation aussi.»

Son collègue Frank Da Costa, vice-président, production et développement, abonde dans le même sens. «Le marché est féroce. Si on veut aller chercher des parts de marché, il faut avoir une qualité supérieure à ce que les plus grands producteurs font. C'est pour ça qu'on met énormément l'accent sur la qualité.»

Depuis sa fondation en décembre 2005, Hibernum se consacrait à la création de projets clés en main pour les géants de l'industrie comme Ubisoft ou Eidos, et leur offrait une expertise en cinématique et en développement artistique.

À ces volets s'ajoute aujourd'hui celui de la production maison. Après Blockolicious, un deuxième jeu, cette fois-ci réservé à l'univers de Facebook, s'avancera d'ici quelques semaines sur les blocs de départ. Sorte de Farmville de l'univers des productions cinématographiques, il se démarquera selon Frédérick Faubert par sa thématique, mais aussi par les mécanismes coopératifs qu'on y a insérés. «Le joueur aura par exemple à produire des films avec ses amis», précise-t-il.

Son jeu est déjà à l'essai en Indonésie et en Nouvelle-Zélande. «Ça nous permet de voir si nos stratégies virales et de monétisation fonctionnent», indique Franck Da Costa.

Parce que les dirigeants d'Hibernum ne s'en cachent pas. Leur souhait est de voir leurs jeux se propager comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. «L'objectif, c'est de créer des marques», ajoute Louis-René Auclair.

Si elle réussit son pari, l'entreprise d'une cinquantaine d'employés doublera de taille d'ici deux ans.