On attendait 3%, mais la croissance annualisée de l'économie américaine n'aura été que de 2,8% au quatrième trimestre.

Pire, selon l'évaluation préliminaire du Bureau of Economic Analysis, 1,9 point de l'expansion sur 2,8 est attribuable au restockage des entreprises.

Pour l'ensemble de 2011, l'expansion a été contenue à 1,7%, en dépit d'un deuxième semestre un peu plus encourageant. «Au tout début de l'année dernière, le consensus s'attendait à une hausse de 3,2% du PIB (produit intérieur brut) réel», rappelle Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

En 2010, la croissance avait atteint 3,0%.

Durant l'automne dernier, la demande intérieure finale, qui inclut les dépenses de consommation, la construction, les investissements des entreprises et l'apport des gouvernements, n'a progressé que de neuf dixièmes tandis que le commerce international en a retranché un.

La faiblesse de la demande intérieure donne bien peu d'allant à l'expansion en ce début d'année, d'autant plus qu'on ne peut s'attendre à ce que les entreprises continuent de stocker, si elles ne trouvent pas preneurs pour leur production.

Ces chiffres ont eu l'effet d'une douche froide sur les investisseurs et les spéculateurs qui s'attendaient à une avancée de 3,0%, soutenue davantage par la demande intérieure. C'est néanmoins le meilleur trimestre de l'an dernier, ou le moins mauvais, c'est selon.

Ces résultats préliminaires, qui seront révisés deux fois encore d'ici la fin de mars, accréditent les perspectives inquiétantes de la Réserve fédérale américaine. Mercredi, elle a déclaré s'attendre à ce que «la croissance économique soit modeste au cours des prochains trimestres et qu'en conséquence, le taux de chômage ne recule que lentement». En décembre, il s'élevait à 8,5% et la Fed s'attend à ce qu'il se situe entre 8,2 et 8,5%, en fin d'année.

Quant à l'expansion, la Fed la voit ne s'accélérer que très peu avec une prévision oscillant entre 2,2% et 2,7%. C'est en moyenne 25 centièmes de moins que ce qu'elle escomptait encore en novembre. Le Fonds monétaire international prévoit quant à lui seulement 1,8%.

En rythme annuel, les dépenses de consommation ont crû de 2,0% l'automne dernier alors que les prévisionnistes s'attendaient plutôt à 2,4%. Cette faible progression est en outre attribuable à un recul de deux dixièmes du taux d'épargne. À 3,7%, c'est le plus faible depuis l'automne 2007, alors que les États-Unis entraient dans leur Grande Récession.

Les entreprises ont accru de 5,2% leurs investissements en équipement et en logiciels, ce qui peut sembler encourageant, même s'ils avaient bondi de 16% durant l'été. C'est pourtant décevant, étant donné la grande demande refoulée et les coûts d'emprunt très faibles. «C'est une nette indication que l'incertitude pousse les entreprises à retarder leur décision d'investir», fait remarquer James Marple, économiste principal chez TD.

Certains optimistes feront remarquer que les nouvelles commandes des équipementiers ont bondi en décembre. Cela cache toutefois une réalité, mise en lumière par Jennifer Lee, économiste principale chez BMO Marchés des capitaux. «Les incitatifs fiscaux qui ont nourri ces achats en 2011 ont pris fin.»

Il n'en va pas de même pour l'austérité budgétaire. Les dépenses gouvernementales ont retranché 4,6 points à la croissance alors que le repli avait été limité à un dixième durant l'été. Le gros de cette diminution est attribuable à la chute de 12% des dépenses militaires par suite du retrait des troupes en Irak. Tout indique que l'austérité va continuer de mordre au cours de 2012 et de 2013, étant donné l'échec du comité conjoint du Congrès à trouver une solution pour réduire le déficit budgétaire de Washington de 1500 milliards en 10 ans. En 2011, les dépenses gouvernementales sont en baisse de 2,1% par rapport à celles de 2010. Il s'agit du recul le plus fort depuis 1971, selon Bloomberg.

Heureusement, tout n'était pas sombre dans les chiffres publiés hier. On retiendra que la construction résidentielle a progressé de 11%, ce qui a permis de limiter le recul annuel à 1,4%, le plus faible depuis 2005, dernière année où le secteur était en croissance.

Ce retournement pourrait continuer cette année.

Enfin, la décision de la Fed de ne pas hausser son taux directeur avant la fin de 2014 affaiblit le dollar américain. Cela est susceptible de soutenir quelque peu les exportations, malgré le ralentissement de l'économie mondiale.