S'il est vrai que la récession a frappé moins fort au Québec qu'en Ontario et au Canada dans son ensemble, elle a accentué l'écart entre les immigrants et les natifs sur le marché du travail.

Une étude de l'Institut de la statistique du Québec montre que le taux de chômage des immigrants du Québec a grimpé de 2,6 points de pourcentage en 2009 par rapport à 2008, contre un point seulement parmi la main-d'oeuvre née ici.

À première vue, leur misère est moindre que celle des immigrants ontariens ou de l'ensemble du Canada, dont le taux de chômage a augmenté de 3,2 et 2,9 points de pourcentage respectivement.

Au final, le portrait est beaucoup moins avantageux pour le Québec. Durant 2009, le taux de chômage moyen des immigrants québécois a grimpé à 13,7% alors qu'il a atteint 10,7% et 10% en Ontario et au Canada dans son ensemble.

Durant 2009, le taux de chômage moyen du Québec était inférieur à la moyenne canadienne et surtout à celui de l'Ontario, mais force est de constater que ce sont avant tout les natifs québécois que la récession a épargnés.

Chez les immigrants québécois, leur taux d'activité, qui représente la proportion des 15 ans et plus qui détiennent ou cherchent activement un emploi, est à peine inférieur à celui de leurs congénères du reste du Canada. Cela souligne encore qu'ils ont plus de difficulté à décrocher un emploi.

Leur taux d'emploi le confirme.: 53,2% (en baisse de 2,1 points) contre 55,3% (en baisse de 2 points) en Ontario, et 56,0% (en baisse de 1,7% seulement) dans l'ensemble du Canada.

Alors, xénophobes les Québécois?

L'auteur de l'étude Jean-Marc Kiolo-Malambwe a une explication moins simpliste. «Il y a plusieurs facteurs qui influencent la participation des immigrants sur le marché du travail, dont celui de la durée de résidence, précise-t-il en entrevue. On constate que l'Ontario et la Colombie-Britannique comptent davantage d'immigrants de longue date, ce qui facilite l'intégration des nouveaux arrivants.»

Le réseautage et la vitalité des communautés culturelles seraient donc plus répandus hors Québec.

L'écart du taux de chômage entre immigrants et natifs québécois s'est particulièrement accru dans les cohortes des 15 à 24 ans et dans celle des 55 ans et plus.

En revanche, il s'est moins aggravé parmi les 25 à 54 ans. Cela dit, les immigrants de cette cohorte subissaient l'an dernier un taux de chômage bien plus élevé au Québec (12,4%) qu'en moyenne au Canada (9,6%).

C'est aussi parmi ce segment de la population que sont concentrées les forces vives de la population active que le taux de chômage des natifs québécois est le plus faible à 6,3%. C'est vrai aussi dans le reste du Canada.

Ce qui distingue le Québec toutefois, c'est que le taux de chômage a augmenté deux fois plus chez les immigrants (1,7 point) que chez les natifs (0,8 point seulement)

Même si les hausses sont plus fortes ailleurs au pays tant chez les immigrants que chez les natifs, le rapport est loin d'être du simple au double.