Un des dirigeants de la banque centrale des États-Unis (Fed), Kevin Warsh, s'est démarqué lundi de la récente décision prise par son institution d'injecter de nouvelles liquidités dans l'économie américaine.

Étant donné les maux qui affligent l'économie américaine, ces mesures de relance monétaire «supplémentaires sont de piètres succédanés de remèdes plus puissants comme des mesures additionnelles favorables à la croissance», écrit M. Warsh dans une tribune publiée par le Wall Street Journal.

Membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, M. Warsh a voté mercredi en faveur de la décision du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) ouvrant la voie à l'injection de liquidités supplémentaires dans le circuit économique pouvant aller jusqu'à 600 milliards de dollars d'ici à la fin du mois de juin.

Par ce nouvel assouplissement monétaire, juge-t-il néanmoins, «la Fed peut perdre sa crédibilité si difficilement gagnée - et la politique monétaire peut perdre sa capacité d'influence considérable - si elle promet plus qu'elle ne peut ou n'obtient pas les résultats escomptés».

La politique monétaire a certes «un rôle important à jouer» pour ramener l'économie américaine sur la voie d'une croissance durable, mais «la Réserve fédérale n'est pas un atelier de réparation pour des politiques budgétaires, commerciales ou de régulation en panne», écrit M. Warsh.

Pour lui, la cure de l'économie américaine passe par des mesures «favorables à la croissance» qui «renforceraient les incitations à investir dans les biens d'équipement et la main-d'oeuvre à long terme, ouvrant ainsi la voie à des créations d'emplois robustes et à une hausse du niveau de vie».

M. Warsh a été nommé à son poste par George W. Bush, le prédécesseur du président américain actuel, Barack Obama.

Ses mises en garde sur l'action de la Fed ont lieu alors que le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, s'emploie à rassurer sur le nouveau cap monétaire suivi aux États-Unis, et que M. Obama a défendu lundi en Inde le rôle de la banque centrale face aux craintes que suscite sa politique, à l'étranger comme aux États-Unis.

La Fed a pris sa décision d'injecter des liquidités supplémentaires au lendemain des législatives ayant permis aux républicains de prendre la Chambre des représentants, qui risquent de paralyser les plans de relance du gouvernement.

Ces injections, qui seront autant de création de monnaie, doivent se faire sous la forme de rachat d'obligations du Trésor, à hauteur de 75 milliards de dollars par mois d'ici à la fin juin, mais le FOMC s'est réservé la possibilité d'ajuster le tir en fonction de l'évolution de l'économie.

M. Warsh estime que ces rachats d'obligations sont un vecteur d'inflation dangereux, et d'instabilité sur les marchés financiers, si les opérateurs «viennent à douter» des prix des titres du Trésor américain, qui sont «la base à partir de laquelle sont calculés les prix de la quasi-totalité des actifs financiers dans le monde entier».

La baisse du dollar qu'a entraînée la décision de la Fed «avive les tensions sur le marchés des changes» note-t-il également, laissant entendre qu'elle pourrait donner lieu à la guerre des monnaies tant redoutée.

M. Warsh conclut en écrivant être «certain» que le FOMC aura la «détermination» nécessaire «pour ajuster sa politique convenablement» et empêcher que ne se matérialisent les risques à long terme qu'elle entraîne.