Un nouveau fournisseur de services sans fil fait son entrée au Canada. Demain, Quebecor annoncera qu'elle lance les services mobiles 3G» de Vidéotron. Et indirectement qu'elle lancera une guerre de prix aux Bell (T.BCE), Rogers (T.RCI.B) et Telus (T.T).

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Après quelques reports, Vidéotron est enfin prête à renforcer son offre de services de télécommunication auprès d'une clientèle tant d'affaires que résidentielle. L'entreprise, qui offrira son service sur un tout nouveau réseau 3,75G évolué, fait son entrée au cours d'une année qui aura au final été marquée par l'arrivée de plusieurs acteurs au Canada. Des Public Mobile et Wind Mobile notamment qui tentent de percer le marché. «La différence comparée à des Public et Wind, c'est que Vidéotron a déjà une notoriété, note Troy Crandall, analyste en télécommunications chez MacDougall, MacDougall&MacTier. C'est une marque reconnue et qui a une base notable d'abonnés. Ultimement, l'entreprise va continuer de faire ce qu'elle a fait dans le passé, de continuer d'avancer avec succès.»

Les consommateurs peuvent sourire. L'arrivée de Vidéotron, qui compte déjà 1,8 million d'abonnés pour ses services de téléphonie et d'internet notamment, sur le marché du sans-fil est tout à leur avantage, car elle devrait se traduire par des factures mensuelles allégées. «Cela dit, Vidéotron n'a pas encore annoncé son plan, indique Troy Crandall. On va voir à quel point l'entreprise sera agressive. On s'attend à une guerre de prix, mais ce n'est pas dans le meilleur intérêt des fournisseurs de s'engager dans cette voie, car ça signifie moins de profits pour eux. On peut aussi être agressif sur le plan des services offerts. On pourrait, par exemple, offrir des forfaits de 500 minutes aux prix jusqu'ici de 200 minutes.»

Au Québec, où Vidéotron mettra essentiellement sa patte, le marché du sans-fil est occupé à 40% par Bell, 33% par Rogers-Fido et 26% par Telus. «C'est Bell qui a le plus à perdre, dit Troy Crandell. Cette dernière doit craindre de perdre des clients télé et internet. Vidéotron fera affaire seulement au Québec, mais c'est dans la province que Bell a le plus de clients.»

Un analyste cité par le National Post, hier, estime que Vidéotron pourrait séduire 45 000 personnes d'ici à la fin de l'année et 165 000 d'ici à la fin de 2011. «À l'époque, avec son service de téléphonie résidentielle par câble, le service typique de Bell était de 45$ par mois. Et Vidéotron est arrivé avec un forfait qui revenait à 15$ par mois quand on le combinait à trois autres services, rappelle Iain Grant, président de la firme d'analyse des télécommunications Seaboard Group. Ça a convaincu un million de gens de changer d'entreprise. Qui plus est, c'est beaucoup plus facile de vendre le sans-fil que le téléphone résidentiel. En tenant compte qu'un ménage est composé d'environ 2,5 personnes, on n'est plus dans du un pour un. Vidéotron peut séduire tous les membres d'une famille d'un coup.»

Attrait limité

Son rayonnement uniquement à l'intérieur des frontières du Québec pourrait toutefois limiter l'attrait du sans-fil de Quebecor. Bien des Québécois ont besoin de services à l'extérieur de la province. «Dès qu'on va quitter le Québec, d'autres fournisseurs prendront le relai, explique Iain Grant. Comme Rogers dans le reste du Canada et T-Mobile aux États-Unis.»

«Vidéotron va fournir un service de qualité supérieure partout au Québec, ajoute Iain Grant. Mais l'entreprise arrive sur un marché où des Bell et Rogers ont mis 20 ans à bâtir un réseau et offrir une couverture adéquate. C'est un programme très ambitieux pour Vidéotron.»

Autre épine? Du côté des téléphones intelligents précisément. À moins d'un revirement, le iPhone et les services mobiles 3G" de Vidéotron ne seront pas compatibles, Quebecor ayant mis la main sur les fréquences AWS non supportées par Apple.