Une fin de monopole sur le iPhone. Des concurrents qui fourbissent leurs armes. D'autres qui arrivent dans le décor. Les obstacles sont nombreux à l'horizon pour Rogers (T.RCI.B). Mais le nouveau patron de l'entreprise au Québec, Sylvain Roy, affirme qu'il ne faut pas s'attendre à voir Rogers répliquer par un coup d'éclat.

«Il n'y aura pas de révolution, je ne crois pas que ce soit nécessaire, a expliqué M. Roy en entrevue à La Presse Affaires. Je pense qu'il y a une certaine continuité. On a une formule à succès, je pense que les clients nous l'ont démontré. On ne va pas tout chambouler, on va juste continuer à s'améliorer.»

Les défis, pourtant, sont nombreux. L'entreprise vient tout juste de perdre son exclusivité sur le iPhone, qui est maintenant vendu par Bell et Telus. Vidéotron s'apprête à prendre le marché du sans-fil d'assaut, tout comme de nouveaux venus comme Wind (Globalive) et Public Mobile. Et Bell et Telus viennent de lancer en commun un réseau à 21 mégabits par seconde (Mbits/s) capable de concurrencer celui de Rogers.

«L'imitation est la plus grande des flatteries. Ils ont maintenant la même boîte à outils, on verra s'ils sont capables d'en tirer le même résultat», dit M. Roy à ce sujet, affirmant que son réseau demeure supérieur.

Notons que Telus a justement déposé hier une poursuite en justice contre Rogers, affirmant que ses publicités qui décrivent son réseau comme le meilleur au Canada sont «fausses et trompeuses».

Celui qui vient de prendre la tête des activités québécoises affirme que le réseau actuel de Rogers pourrait théoriquement passer de 21 à 48 Mbits/s... sauf qu'il n'a pas l'intention de le pousser jusque-là.

«On se concentre à déployer les 21 mégabits et surtout s'assurer que l'expérience-client est impeccable. La plupart des serveurs et des sites ne peuvent pas supporter cette vitesse-là de toute façon.»

Menaces sérieuses

M. Roy pèche-t-il par excès de confiance? Iain Grant, analyste au Seaboard Group, croit en tout cas que les menaces qui pèsent sur Rogers sont sérieuses, particulièrement du côté de Vidéotron.

«Vidéotron a déjà prouvé qu'il est capable de voler un million de téléphones à Bell en une période aussi courte que deux ans», rappelle M. Grant. Selon lui, c'est encore Bell qui est visé par l'offensive de Vidéotron dans le sans-fil. «Mais Rogers en subira les dommages collatéraux», avertit-il.

L'analyste est toutefois d'accord avec le grand patron de Rogers au Québec: le salut de l'entreprise ne passe pas par une augmentation de sa capacité technologique. Selon lui, plusieurs de ses clients ont déjà signé des contrats sur plusieurs années, ce qui protège Rogers. Et il s'attend justement à ce que l'entreprise fasse tout pour faire signer des ententes à long terme à ceux dont les contrats viennent à échéance.

Selon lui, les hommes d'affaires qui voyagent fréquemment resteront fidèles à Rogers parce que son réseau est plus étendu que celui de la concurrence. Quant aux autres, c'est une autre histoire.

«Si j'étais Rogers, je les traiterais aux petits oignons. Je leur enverrais des fleurs ou des chocolats. Ou j'essaierais de me souvenir de leur anniversaire», blague l'analyste.