Les salaires réels ont baissé dans la plupart des grandes économies mondiales en 2008 en raison de la crise, selon les données publiées mardi par le Bureau international du travail (BIT) qui ne prévoit aucune amélioration pour 2009 malgré les signes de reprise économique.

«Sur un échantillon de 53 pays pour lesquels des données existent, la croissance des salaires réels moyens (...) est passée de 4,3% en 2007 à 1,4% en 2008», explique le BIT qui a procédé à une actualisation de son Rapport mondial sur les salaires publié en novembre 2008.

Concernant une dizaine de pays du G20, la croissance des salaires réels est passée en moyenne «de 1% en 2007 à -0,2% en 2008», ajoute-t-il.

Les salaires ont stagné notamment dans des pays comme les États-Unis, l'Autriche et baissé en Allemagne (-0,6%) et au Japon (-0,9%).

Le BIT prévoit par ailleurs que le tableau continue de s'assombrir en 2009, malgré les signes de reprise économique, en raison notamment de l'augmentation du chômage.

Ainsi, «les salaires réels du premier trimestre 2009 ont diminué dans plus de la moitié des 35 pays pour lesquels on dispose de données récentes», souligne le BIT.

Aux États-Unis, «les salaires ont baissé de 2% depuis le début de l'année», a expliqué un des auteurs du rapport, Patrick Belser, lors d'une conférence de presse.

Cette «détérioration continue» soulève «de fortes interrogations quant à la véritable étendue du redressement économique, notamment si les gouvernements abandonnent trop tôt leurs plans de relance», prévient pour sa part la directrice du Programme du BIT sur les conditions d'emploi et de travail, Manuela Tomei, citée dans un communiqué.

Car «la déflation des salaires prive les économies nationales de la demande dont elles ont tant besoin», explique-t-elle.

La baisse des salaires réels est attribuable en partie à la baisse du temps de travail qui est passé «de 39 heures à 38,2 heures par semaine» entre 2007 et 2008, fait valoir M. Belser.

Elle devrait encore être également accentuée par le chômage, qui ne cesse de progresser ces derniers mois dans la majorité des grandes économies mondiales, exerçant une pression sur le niveau des rémunérations.