Le gouvernement de Jean Charest promet d'injecter 122,8 millions $ au cours des trois prochaines années afin de venir en aide à l'industrie biopharmaceutique québécoise, qui souffre de la crise mondiale dans ce secteur.

Québec compte verser 50 millions $ pour appuyer le développement des grandes sociétés biopharmaceutiques, 39 millions $ pour accentuer le développement de la recherche, dont 30 millions $ destinés à Génome Québec, 31 millions $ pour soutenir les entreprises de biotechnologie, 2,5 millions $ pour promouvoir l'image du Québec dans le monde et 320 000 $ pour attirer des étudiants et des chercheurs internationaux.

Ces investissements sont prévus dans la nouvelle Stratégie biopharmaceutique québécoise, dévoilée jeudi à Québec, qui reste toutefois plutôt vague quant aux moyens qu'on emploiera pour atteindre les objectifs fixés.

Le gouvernement évoque notamment un appui au Consortium québécois sur la découverte du médicament et au Fonds de la recherche en santé du Québec, un soutien financier à l'amorçage d'entreprises technologiques «qui sont issues de la recherche institutionnelle et qui offrent un fort potentiel de commercialisation», ainsi qu'une meilleure collaboration entre les universités, les PME et les grandes sociétés biopharmaceutiques.

Québec s'engage en outre à financer sur une base trimestrielle, plutôt qu'annuelle, les crédits d'impôt en recherche et développement de façon à faciliter, pour les PME du secteur, la gestion des liquidités. BioQuébec, qui représente plus de 150 entreprises et organisations du domaine des biotechnologies et des sciences de la vie, s'est réjoui de cette mesure, qu'elle réclamait avec empressement.

L'association qui regroupe les grandes sociétés de recherche pharmaceutiques canadiennes, Rx&D, s'est pour sa part félicitée de la mise en place d'un «forum permanent d'échanges» entre Québec et l'industrie, qui devrait selon elle «améliorer l'intégration des nouveaux médicaments» au régime d'assurance médicaments.

Québec compte par ailleurs intervenir auprès d'Ottawa afin d'obtenir des améliorations quant à la durée des brevets biopharmaceutiques, la mise en place d'un meilleur processus d'approbation des médicaments et le maintien de la croissance des investissements fédéraux en recherche dans la province.

À l'instar de Rx&D, de Montréal InVivo et de Génome Québec, BioQuébec a bien accueilli la nouvelle stratégie, mais a soutenu que les entreprises biotechnologiques québécoises demeuraient «fragiles». Le regroupement continuera à exercer des pressions pour que le gouvernement mette en place des «mesures structurantes».

Ces dernières années, l'industrie biopharmaceutique québécoise a fortement pâti de la croissance des coûts de recherche et développement, de la difficulté accrue à faire approuver de nouveaux produits, de la vive concurrence des autres pays et des autres provinces canadiennes de même que de l'arrivée à échéance d'importants brevets.

Depuis 2005, le secteur des sciences de la vie et des technologies de la santé de la région montréalaise a perdu 2600 emplois. En 2008, les investissements en capital de risque ont représenté moins du tiers de ceux de 2007. L'an dernier, six PME québécoises du secteur ont fermé leurs portes, faisant perdre leur emploi à quelques centaines de personnes.

Même s'il continue de dominer dans le domaine pharmaceutique, le Québec a perdu, il y a deux ans, son statut de principal centre biotechnologique au pays, au profit de l'Ontario, qui a nettement amélioré son programme d'aide à l'industrie.

Quelque 21 000 personnes travaillent actuellement dans le secteur au Québec.