Le président américain Barack Obama devait replacer lundi sur le devant de la scène américaine son projet de réformer les règles financières dans un discours à deux pas de Wall Street, dont la dérégulation et les excès ont précipité une crise dont il veut empêcher la réédition.

Un an jour pour jour après le dépôt de bilan de la vénérable banque d'affaires Lehman Brothers, onde de choc qui s'est propagée au système financier américain puis à toute l'économie mondiale, M. Obama défendra l'action qu'il a menée depuis son investiture le 20 janvier pour éloigner les États-Unis du «précipice» au bord duquel il se trouvait selon lui.

Il devrait s'exprimer à 12h10 sur les moyens de désengager l'Etat après une année marquée par des opérations de sauvetage de la banque, de l'assurance ou de l'automobile, opérations que personne n'aurait crues pensables quelques mois auparavant mais que lui, comme son prédécesseur George W. Bush, ont justifiées par le risque d'une crise semblable à la terrible Grande dépression des années 30.

Mais M. Obama, qui s'est emporté contre les agissements «honteux» de Wall Street et a préconisé «l'amour vache» avec les banques, va aussi remettre sur le feu le projet de nouvelle réglementation financière.

La réglementation viserait non seulement la culture du profit dénoncée par M. Obama, les pratiques financières à risque, mais aussi la fragilité d'un système dans lequel l'emballement d'une composante peut entraîner toutes les autres.

Cette nouvelle réglementation a cédé le pas dans le débat public cet été à la vive querelle sur un autre grand projet présidentiel: la réforme du système de santé.

La régulation financière sera un sujet de discussion primordial la semaine prochaine quand M. Obama recevra à Pittsburgh les dirigeants des pays avancés et des grandes économies émergentes.

Lundi, il «pressera le monde de la finance d'assumer ses responsabilités, non seulement pour soutenir une réforme de la réglementation, mais aussi pour éviter un retour aux pratiques de Wall Street qui ont conduit à la crise financière, il les pressera de reconnaître leurs obligations et de contribuer à ce que les Américains connaissent un rétablissement économique plus large», a dit un responsable sous couvert de l'anonymat.

Il le fera au Federal Hall à New York, un des hauts lieux de l'histoire de la démocratie américaine, à quelques pas de la Bourse, symbole des abus qui ont outré les Américains et M. Obama lui-même.

Alors que les États-Unis semblent devoir sortir doucement de la pire récession depuis les années 30, la question se pose: Wall Street a-t-elle retenu la leçon ?

L'administration Obama a soumis en juin un plan qui renforcerait le contrôle des autorités sur la finance et qui serait le plus ambitieux depuis longtemps selon elle.

La Réserve fédérale (Fed) disposerait de nouveaux pouvoirs sur les plus grandes institutions financières du pays. Un mécanisme permettrait au gouvernement de reprendre les grandes institutions financières en déconfiture. Davantage de discipline et de transparence serait observée sur les marchés financiers. Une nouvelle agence de protection des consommateurs verrait le jour. Elle superviserait les crédits immobiliers et les crédits à la consommation.

Le gouvernement veut voir ses propositions transformées en loi d'ici à la fin de l'année, conscient que 2010, avec les élections parlementaires à mi-mandat, ne se prête pas plus à cette réforme qu'à celle de la santé. Bien que l'adoption de ces deux grands projets soit tout sauf acquise, l'administration veut croire qu'elle et le Congrès sont capables de mener à bien les deux tâches en même temps.