En collaboration avec HEC Montréal, nous publions notre chronique hebdomadaire sur les défis auxquels font face les entreprises sur le plan de la gestion.

HEC Montréal et ses partenaires catalans (Université de Barcelone, Université polytechnique de Catalogne et ESADE) se sont associés pour offrir un programme d'école d'été sur le management de la créativité. Les participants passeront une semaine à Montréal (3-10 juillet) et une à Barcelone (11-18 juillet). Au-delà des séminaires et des ateliers, les participants vivront une occasion unique de partager les expériences créatives d'organisations telles qu'Ubisoft, le Cirque du Soleil, Sid Lee, Bell Canada, l'Agence spatiale canadienne à Montréal, ou du design, de l'architecture ou de la gastronomie créative à Barcelone.

L'ambition d'un tel programme est de réfléchir en profondeur à l'économie créative, dont le potentiel et l'importance sont soulignés par un nombre croissant de travaux dans le monde, dont un remarquable rapport récent de l'ONU. Dans le contexte de crise économique actuelle, l'économie créative apparaît pour beaucoup comme un modèle qui permettrait de renouer avec la croissance et de sortir de la crise «par le haut».

À l'intersection des activités artistiques et industrielles, le coeur de l'économie créative est constitué des industries suivantes: publicité, architecture, art, artisanat, design, mode, édition, cinéma et vidéo, télévision et radio, logiciels de loisirs interactifs, musique, arts du spectacle, services logiciels et informatiques. Ces activités puisent dans le talent et les idées créatrices du capital humain et offrent un potentiel remarquable de croissance et de création de richesse. Si la créativité a toujours été une source essentielle d'innovation, ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est la nature du rapport qui existe entre les différentes activités créatives, leur combinaison pour créer de la valeur économique et le rapprochement entre les activités scientifiques, industrielles et artistiques, traditionnellement distinctes.

Une caractéristique fondamentale de l'économie créative est qu'elle se développe principalement dans certains milieux urbains privilégiés qui offrent, par la présence d'un capital humain bien formé, d'une riche diversité culturelle, de conditions de tolérance et de véritable inclusion sociale, un «terreau favorable» au développement des activités inventives.

De ce point de vue, Montréal dispose d'atouts considérables pour devenir une des villes créatives de référence dans le monde. Le Grand Montréal est ainsi le lieu des réussites emblématiques d'industries créatives telles que Le Cirque du Soleil et Ubisoft. C'est aussi le terrain où des modèles d'affaires de la créativité sont testés et appelés à se diffuser. Ainsi celui d'entreprises telles que Sid Lee dans la créativité commerciale, Aedifica dans l'architecture, Ingenio dans les jeux de hasard multimédia, Première Moisson dans l'alimentation et bien d'autres PME dynamiques.

Les entreprises plus traditionnelles qui gèrent des structures plus complexes n'hésitent pas non plus à emprunter les chemins de la créativité. Ainsi, Bell Canada, avec son emménagement récent à l'Île-des-Soeurs, joue sur l'architecture de ses bureaux pour permettre à la créativité de ses équipes de mieux s'exprimer.

Dans un autre registre, la présence de l'Agence spatiale canadienne dans le Grand Montréal souligne le développement créatif des compétences canadiennes en haute technologie et particulièrement dans la robotique spatiale. L'intérêt de comparer les pratiques de créativité de milieux aussi divers que les mondes scientifique, industriel ou artistique n'a jamais été aussi grand.

Ces réussites s'appuient sur une ville où le capital humain créatif issu des milieux universitaires ou scientifiques est l'un des plus importants d'Amérique du Nord, et où l'intensité des festivals (Festival de jazz, Festival Juste pour rire et bien d'autres) stimule les rencontres et les projets créatifs les plus divers. Mais la source principale de créativité de Montréal demeure les Montréalais eux-mêmes, garants des valeurs d'authenticité, d'identité et d'ouverture à la diversité que beaucoup nous envient et qui font de Montréal un véritable laboratoire de créativité.

Cependant, ce potentiel remarquable de Montréal demeure encore fragile et nécessite d'être cultivé. Comprendre les meilleures pratiques dans les autres villes innovantes, voire gérer des projets communs avec d'autres métropoles pour mieux affirmer son ambition dans le cadre de l'économie créative sont des objectifs qui ont présidé au choix de Barcelone dans le cadre de l'école d'été organisée par HEC Montréal.

Barcelone est l'une des villes les plus créatives au monde, riche en culture, et partage de nombreux traits communs avec Montréal: ouverture au monde, importance des activités culturelles et artistiques, vitalité de la recherche, «grappes industrielles» dans des domaines similaires (sciences de la vie, aéronautique, technologies de l'information, design), etc.

Avec ses partenaires, HEC Montréal souhaite que les participants à cette formation unique créent à leur tour une communauté internationale de gestionnaires passionnés et engagés dans le développement du management de la création et des capacités créatives de leur organisation, mais aussi dans l'élaboration de projets et d'idées originales et fortes pour renforcer le potentiel créatif de Montréal et de Barcelone.

Les auteurs: Patrick Cohendet est professeur invité au service des affaires internationales et Laurent Simon est professeur agrégé au service de l'enseignement du management à HEC Montréal. Ils sont cofondateurs du groupe MosaiC pour la recherche, la valorisation et le transfert sur le thème du management de la création dans la société de l'innovation. Pour en savoir plus sur l'école d'été: https://expertise.hec.ca/management_creation