La Banque du Canada agira vite pour mettre en oeuvre des politiques monétaires extraordinaires et elle se concentrera sur des achats limités de titres de dette gouvernementaux et de papier commercial, indique un sondage de Bloomberg mené auprès d'économistes.

D'ici juillet, Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, pourrait adopter des politiques d'assouplissement du crédit et d'autres mesures, dites quantitatives, en injectant entre 10 milliards et 50 milliards de dollars dans l'économie, selon un sondage auprès de 27 économistes réalisé entre le 8 avril et le 16 avril derniers. Ces mesures dureront environ un an, ont indiqué les spécialistes sondés.

 

L'économie canadienne est entrée dans sa première récession depuis 1992 et la banque centrale a prévu que l'inflation baissera sous zéro pendant deux trimestres cette année. Ce serait la plus longue séquence de baisses des prix depuis les années 1950 et un test de la capacité de M. Carney d'atteindre son objectif de 2% d'inflation.

«La banque fera l'objet de pressions internationales pour qu'elle adopte des mesures d'assouplissement quantitatif, bien qu'elle ait ses propres préoccupations à cet égard», souligne Duane Rockerbie, doyen de la faculté d'économie de l'Université de Lethbridge, en Alberta. «Étant donné que le taux cible des prêts d'un jour est près de zéro, il reste peu d'outils monétaires à utiliser», ajoute-t-il.

Les économistes sont divisés quant aux sortes d'actifs que la Banque du Canada est susceptible d'acheter, 13 économistes soutenant que la banque achètera probablement des titres de dette gouvernementaux alors qu'un nombre semblable affirme que les décideurs de la banque opteront pour des titres de dette d'entreprises. Dans les deux cas, la banque centrale se concentrera vraisemblablement sur des titres venant à échéance dans trois ans ou moins, selon les économistes interrogés.

Les banques canadiennes n'ont pas reçu un seul dollar en aide du gouvernement depuis le début de la crise du crédit en août 2007. Au cours de la même période, les contribuables américains ont versé 392,5 milliards US pour venir à la rescousse de plus de 550 entreprises. Le système plus sain en vigueur au Canada permet à M. Carney d'adopter des mesures plus modestes, explique M. Rockerbie.

La Banque du Canada ne s'est pas engagée à faire de nouveaux achats de titres ou à augmenter la masse monétaire, se contentant d'indiquer qu'elle expliquera comment ces politiques seront appliquées le cas échéant. La banque centrale exposera son cadre de travail dans une annexe à son rapport sur la politique monétaire jeudi, soit deux jours après sa décision, aujourd'hui, sur les taux d'intérêt.

Le 3 mars dernier, M. Carney a abaissé le taux directeur à 0,5%, un record. Un sondage mené par la banque auprès de responsables des prêts entre le 17 mars et le 24 mars a indiqué que ceux qui soutiennent que le crédit est plus cher ont été plus nombreux par 80 points de pourcentage (un record) que ceux qui estiment qu'il est moins cher.

Dans un autre sondage mené par la Banque du Canada auprès de 100 dirigeants d'entreprise et dont les résultats ont été dévoilés le 13 avril dernier, 41% des répondants soutenaient que l'indice des prix à la consommation progresserait à une cadence de mois de 1% annuellement pendant les deux prochaines années.