Ventes en chute libre, effondrement des marges, manque d'innovation, Sony Ericsson va supprimer 2000 emplois supplémentaires dans le monde après avoir essuyé une perte de 293 millions d'euros (466 millions CAN) au premier trimestre.

Le numéro quatre mondial des téléphones mobiles après Nokia, Samsung et LG avait déjà dévoilé un plan social en juillet 2008 conduisant à la suppression de 2000 emplois entre l'été 2008 et la fin du premier semestre 2009.Non coté en Bourse, le groupe, créé en 2001 par le suédois Ericsson, numéro un mondial des réseaux de téléphonie mobile, et par Sony, le géant japonais de l'électronique, compte environ 10 000 employés dans le monde.

Le groupe avait historiquement fondé sa croissance sur les produits hauts de gamme mais il s'était réorienté il y a environ deux ans vers les produits bas de gamme moins rentables, dans l'idée de gagner des parts de marché dans les pays émergents à forte croissance et de réduire sa dépendance à l'égard du Vieux continent.

«Il y a encore un an, le groupe était plutôt solide mais il a essayé de s'orienter vers du plus bas de gammes, ce qui n'était pas du tout une bonne idée», a commenté Michael Andersson, analyste à la banque finlandaise Evli, soulignant que le nippo-suédois ne disposait ni des produits ni des volumes suffisants pour tirer son épingle du jeu.

Combiné à la crise internationale, le groupe a ainsi vu son chiffre d'affaires plonger de 35,7% à 1,73 milliard d'euros (2,75 milliards CAN) entre janvier et mars.

Il a dans le même temps vendu 14,5 millions de portables à un prix moyen de 120 euros (191 $) par unité contre 22,3 millions (-35%) à 121 euros un an plus tôt.

Enfin sa marge opérationnelle a littéralement fondu, passant de 7% à -21%.

À la fin du premier trimestre, le groupe disposait de 6% de parts de marché soit 2 points de pourcentage de moins qu'au dernier trimestre 2008, quand le numéro un mondial, son concurrent finlandais Nokia, détient 37% de parts de marché.

«Comme prévu, le premier trimestre a été extrêmement difficile pour Sony Ericsson en raison de la baisse continue de la demande mondiale», a commenté le président Dick Komiyama, dans le communiqué.

Le groupe avait prévenu le 20 mars qu'il accuserait une perte avant impôt comprise entre 340 et 390 millions d'euros (541 à 620 millions CAN). Cette perte s'est finalement établie à 370 millions.

«Les nouvelles restructurations étaient nécessaires. C'est un premier pas louable mais ce n'est pas la solution. Le problème de Sony Ericsson est qu'il n'est pas attirant», a estimé Greger Johansson, analyste chez Redeye.

Il relève en particulier l'absence dans son portefeuille de nouveaux produits attractifs, élément d'autant plus regrettable que la demande demeure extrêmement faible.

«Les dirigeants devraient revenir à la stratégie d'origine basée sur le moyen et haut de gamme», a-t-il encore estimé.

«Ils devraient se concentrer sur leurs points forts: le multimédia, la musique, les images, etc., a renchéri M. Andersson. Et s'ils vont en Chine ou en Inde, ils devraient rester sur le haut de gamme et non le marché de masse.»