Cela n'aura étonné personne: en janvier, l'économie canadienne s'est contractée pour le sixième mois d'affilée, de 0,7% cette fois-ci. Tout porte à croire que la récession s'installe à demeure cette année.

Les données pour janvier de Statistique Canada sur le produit intérieur brut réel (PIB) par industrie publiées hier apportent beaucoup de crédibilité aux sombres perspectives économiques révisées de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Elles tablent désormais sur une décroissance de 3,0% de notre économie cette année et d'un timide gain de 0,3% seulement, l'an prochain. Il s'agit des prévisions les plus sombres publiées jusqu'ici en ce qui concerne le Canada.

 

«La robuste position engendrée par les excédents budgétaires passés permet d'envisager de nouvelles actions. Cela ne vaut pas seulement pour le budget fédéral; les provinces devraient profiter de l'impulsion donnée par l'administration fédérale pour appliquer leur propre stimulation», écrit l'organisme basé à Paris.

En somme, le Canada doit faire davantage pour relance sa croissance. Cette semonce à peine déguisée contraste avec les mots de félicitations prononcées il y a quelques semaines à peine par le Fonds monétaire international où le Canada était cité en exemple.

L'OCDE prévient que les tensions qui affectent les marchés financiers mondiaux vont persister toute l'année durant, quels que soient les résultats du Sommet du G20, demain à Londres.

Si le Canada paraît moins touché par la crise du crédit, reconnaît l'OCDE, le marasme qui sévit sur ses marchés d'exportations va affaiblir sa production industrielle, accroître son chômage et miner la demande intérieure.

Ainsi, le taux de chômage devrait atteindre en moyenne 8,8% cette année et grimper jusqu'à 10,5% l'en prochain. En février, le taux de chômage s'élevait à 7,7%.

Les efforts déployés par l'État et par la banque centrale commenceront à se concrétiser en deuxième moitié d'année, mais ne pourront qu'atténuer les brutalités provoquées par la chute de 13% du commerce international.

On en mesure déjà les effets avec les données de janvier du PIB réel. À elle seule, la fabrication s'est repliée de 3,1%, portant à 11,9% son repli en un an. La détérioration du commerce de gros qui repose beaucoup sur les échanges internationaux est plus forte encore: 3,4% en un mois et 12,5% depuis un an.

Le secteur automobile est évidement au coeur de cet effondrement. «Alors que 18 des 21 groupes de la fabrication ont perdu du terrain en janvier, environ la moitié de la perte de production des usines était attribuable à une réduction de 27% de la production de véhicules et pièces automobiles», souligne Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

La production automobile était en baisse de 60% par rapport à son sommet enregistré deux ans plus tôt. Mince consolation, les usines canadiennes ont repris quelque peu leur production en février et mars.

La construction aussi entrait en léthargie. Les données des mises en chantier indiquent qu'il n'y aura pas eu remise sur pied en février. Il faudra attendre le lancement des programmes d'infrastructures dont les budgets sont déployés à partir d'aujourd'hui, date du début de la nouvelle année budgétaire, pour observer quelques améliorations. Les mauvais chiffres de janvier font suite au recul brutal de 1,0% du PIB en décembre qui coiffait un mauvais mois de novembre à -0,7%. De janvier à janvier, l'économie canadienne s'est maintenant contractée de 2,4%. Le sommet du dernier cycle avait été atteint en juillet.

«La baisse de janvier, combinée aux effets arithmétiques de la faiblesse de l'économie à la fin de 2008 fait que l'acquis pour l'ensemble du premier trimestre est une diminution d'environ 5,7%», estime Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Cela suppose une stagnation en février et mars alors que tout indique qu'il y a eu encore décroissance.

Voilà pourquoi nombreux sont les économistes qui s'attendent à un repli trimestriel de plus de 7% en termes annualisés, ce qui en ferait la pire séquence de trois mois depuis le début de cette série statistique en 1961. Le triste record appartient au premier trimestre de 1991 à -5,9%.

L'OCDE frappe peut-être dans le mille.