La principale motivation pour économiser l'électricité, c'est de réduire la croissance de la demande afin d'éliminer ou de reporter la construction de nouvelles centrales et de nouveaux barrages.

La principale motivation pour économiser l'électricité, c'est de réduire la croissance de la demande afin d'éliminer ou de reporter la construction de nouvelles centrales et de nouveaux barrages.

Mais en même temps qu'elle investit massivement dans les économies d'énergie, Hydro-Québec a reparti la roue de la construction.

Cinq projets d'augmentation de la production sont en cours ou à l'étude chez Hydro-Québec, qui nécessitent des investissements de près de 15 milliards de dollars.

Une fois terminés, ces ouvrages augmenteront la capacité de production totale d'Hydro-Québec de 10%, ou 20 milliards de kilowattheures.

En même temps, Hydro augmente ses achats d'énergie éolienne. Deux appels d'offres lui ont permis d'acquérir 3000 mégawatts et l'objectif est d'acheter au total 4500 mégawatts d'énergie éolienne d'ici 2015.

La marge de manoeuvre qui résultera de tous ces investissements sera considérable. Selon le président d'Hydro-Québec, l'objectif est de se constituer un coussin de 20 milliards de kilowattheures.

Que fera-ton avec cette énergie? Pour le gouvernement de Jean Charest, la question est déjà réglée. Le Québec exportera son électricité comme l'Alberta exporte son pétrole et deviendra aussi riche.

La quantité d'énergie qui peut être exportée est limitée par la capacité des interconnexions existantes entre le Québec et l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Angleterre et New York.

Hydro investit actuellement près de 700 millions pour doubler sa capacité d'exportation vers l'Ontario, et on peut s'attendre qu'une bonne partie de l'énergie excédentaire soit vendue à la province voisine.

Les efforts d'économie d'énergie, de leur côté, diminueront la demande totale de 3%, ou 4 milliards de kilowattheures, soit l'équivalent de la consommation d'une ville comme Laval.

Le Québec, qui a découvert les économies d'énergie tout récemment, reste un des plus grands consommateurs d'énergie au monde per capita.

Mais les programmes d'efficacité énergétique ont beaucoup de succès. L'an dernier, les économies réalisées ont dépassé de plus de 30% l'objectif que s'était fixé Hydro, ce qui est un signe que la clientèle est prête à faire plus pour diminuer sa consommation.

Les économies supplémentaires qui pourraient être réalisées sont considérables, même Hydro-Québec le reconnaît. L'objectif de 2010 pourrait facilement être triplé, estiment la plupart des observateurs, ce qui réduirait à zéro la croissance de la demande.

Mais si la demande d'électricité au Québec plafonne et qu'Hydro ne réussit pas à exporter autant que le gouvernement le souhaite, les programmes pour réduire la consommation pourraient bien prendre le bord.

C'est ce que craignent les environnementalistes. Ce serait la pire chose à faire, selon Jean-François Lefebvre, qui souligne que l'économie d'énergie est la façon la moins coûteuse et la plus propre de produire de l'énergie.

En situation de surplus, ça devient compliqué de promouvoir des économies d'énergie si on est producteur et distributeur d'électricité, reconnaît Philippe Boulanger, responsable de l'efficacité énergétique chez Équiterre.

Si l'Agence d'efficacité énergétique prend en charge les programmes d'économies énergie, ils survivront, croit-il.

Autrement, le gouvernement devra choisir entre les programmes d'efficacité énergétique et le maintien des profits d'Hydro et il est facile de prévoir ce qu'il privilégiera.