Le gouvernement britannique a créé la surprise en annonçant dimanche après-midi la nationalisation temporaire de la banque Northern rock, faute d'avoir reçu une offre valorisant suffisamment l'établissement en difficulté.

Le gouvernement britannique a créé la surprise en annonçant dimanche après-midi la nationalisation temporaire de la banque Northern rock, faute d'avoir reçu une offre valorisant suffisamment l'établissement en difficulté.

«Dans les conditions actuelles de marché, nous ne pensons pas que les deux propositions offrent une valorisation suffisante pour le contribuable, et c'est pourquoi le gouvernement a décidé de présenter une loi pour placer Northern Rock dans une période temporaire de nationalisation», a déclaré le ministre des Finances, Alistair Darling, lors d'une conférence de presse convoquée à la dernière minute dimanche.

Au début du mois de février, deux candidats avaient déposé une offre de reprise de Northern Rock: le conglomérat mené par Virgin du milliardaire Richard Branson, qui comprenait notamment l'assureur américain AIG et l'homme d'affaires américain Wilbur Ross, et un dirigeant de Northern Rock, Paul Thompson, ancien directeur général de la compagnie d'assurances Resolution, qui avait pris la tête d'un plan de redressement proposé par le conseil d'administration de la banque.

M. Darling a précisé que «chaque option» pour une solution avec le secteur privé avait été explorée, mais que malgré les améliorations apportées par les deux candidats à leurs propositions initiales, les offres ne répondaient pas aux attentes des pouvoirs publics.

Mais «l'avenir à long terme de cette banque est dans le secteur privé», a-t-il souligné.

C'est la première fois depuis les années 70 qu'une société est officiellement nationalisée au Royaume-Uni.

Ministre sur la sellette

Cette annonce intervient alors que la compétence de M. Darling a été mise en doute ce mois-ci après ce qui a été considéré comme deux reculades en matière fiscale.

Il avait également dû s'excuser l'an dernier pour la perte par ses services de CD-ROM contenant les données personnelles sensibles de millions de familles britanniques, qui n'ont jamais été retrouvés.

«Nous pensons que la nationalisation n'est pas la bonne réponse et qu'une solution commerciale aurait été la meilleure voie», a déclaré Richard Branson dans un communiqué.

Virgin souhaitait injecter quelque 1,25 milliard de livres dans la banque et prévoyait de la marier avec sa filiale bancaire Virgin Money, dont elle devait reprendre le nom.

De son côté, le plan de redressement «maison» prévoyait dans un premier temps de lever «au moins» 500 millions de livres de capitaux frais et de réduire la taille des opérations de la banque.

Vendredi, le niveau des capitaux frais avait été relevé de 200 millions de livres.

C'est Ron Sandler, ancien directeur général des Lloyd's de Londres, qui doit prendre les rênes de la banque.

Présent dimanche à la conférence de presse, M. Sandler a qualifié son nouveau rôle de «passionnant» avec «tous ces défis».

Il a indiqué que les activités de Northern Rock seraient réduites pour atteindre «une taille plus viable», mais a refusé de se prononcer sur d'éventuelles suppressions d'emplois.

Depuis qu'elle s'est placée sous la protection de la Banque d'Angleterre le 13 septembre, Northern Rock lui a emprunté environ 26 milliards de livres (35 milliards d'euros), selon certaines estimations.

Northern Rock, spécialisée dans les prêts immobiliers, avait connu une ascension fulgurante depuis son entrée en Bourse en 1997, jusqu'à se hisser parmi les 10 premiers établissements bancaires du Royaume-Uni.

Elle a plongé dans la tourmente en septembre, lorsqu'elle a frôlé la faillite dans le sillage de la crise des subprimes.