Aujourd'hui, mardi, est le Jour J pour Vincent Lacroix. J comme dans jugement après un procès pénal écrasant de 49 jours.

Aujourd'hui, mardi, est le Jour J pour Vincent Lacroix. J comme dans jugement après un procès pénal écrasant de 49 jours.

Il est impossible de prévoir avec certitude la décision du juge Claude Leblond, de la Cour du Québec. Par contre, les observateurs présents pendant les audiences ne s'attendent pas à un verdict facile à entendre pour le PDG déchu de Norbourg.

Le procès, qui s'est amorcé en mai et s'est terminé le 14 novembre - avec un ajournement estival de la fin de juin au début de septembre - s'est très mal déroulé pour Vincent Lacroix.

Attaqué par l'Autorité des marchés financiers qui a déposé une preuve étoffée appuyée par des témoignages bien ficelés de juricomptables et d'anciens employés de Norbourg, l'ex-PDG n'a pas su répliquer.

M. Lacroix s'est contenté de miner la crédibilité des témoins de l'AMF et de blâmer la Caisse de dépôt et placement pour un supposé «trou» de 20 M$ dans les fonds Evolution, qu'il a achetés de la Caisse en 2004. Des thèses qui ne semblent pas avoir impressionné la cour.

Quand il a voulu présenter ses témoins devant le juge Leblond, l'ancien financier a dû justifier la pertinence légale des allégations qu'il entendait faire sur notamment les fonds Evolution.

Voyant que sa stratégie ne pouvait être mise en oeuvre en entier, Vincent Lacroix a baissé les bras après deux petites journées de défense.

Quand est venu le temps des plaidoiries, Eric Downs, procureur de l'AMF, a fait un résumé probant d'une preuve écrasante contre Vincent Lacroix. Ce dernier a préféré ne pas plaider, se contentant de répondre aux questions du juge sur les chefs d'accusation.

Questionné par les journalistes sur la façon de mener sa défense, il a reconnu que dans les circonstances, les probabilités qu'il soit déclaré coupable étaient grandes mais qu'il voulait aller au bout des procédures.

Rappelons que Vincent Lacroix affronte 51 chefs d'accusation pour avoir effectué des retraits irréguliers pour plus d'une centaine de millions de dollars dans l'épargne des investisseurs et pour avoir produit plus d'une centaine de faux documents.

L'AMF demande 5 ans moins un jour de prison et une amende pouvant monter jusqu'à 5 M$ pour chaque chef.

Un procès couru

Même si l'avalanche de documents, de chiffres et de technique ont pu faire bailler certains visiteurs au procès de Vincent Lacroix, les audiences ont été très courues. De 20 à 30 personnes se trouvaient chaque jour dans la salle 5.12 du palais de justice de Montréal.

Entre autres, un bon nombre d'avocats a assisté régulièrement aux procédures. Certains avouaient prendre des notes pour des clients, refusant toutefois de s'identifier.

Certains jeunes juristes se disaient dégagés pour le procès sans y être impliqués, assistant aux audiences pour leur côté formateur et leur complexité, ainsi que pour voir le travail d'un procureur expérimenté comme Eric Downs.

Ceux qui s'aventuraient dans la salle de façon plus fortuite en sont souvent ressortis en moins de 15 minutes. Il n'était pas facile de se retrouver au beau milieu de débats très techniques et très chiffrés sans avoir assisté à toutes les procédures auparavant...