Mois de juin pluvieux, spectre du prix de l'essence, vacances repoussées: les touristes se laissent désirer dans plusieurs régions du Québec à l'aube des vacances de la construction.

Mois de juin pluvieux, spectre du prix de l'essence, vacances repoussées: les touristes se laissent désirer dans plusieurs régions du Québec à l'aube des vacances de la construction.

«On ne veut pas s'alarmer ou crier à la catastrophe, mais ce ne sera pas une année record en termes d'achalandage», indique Marie-Soleil Vigneault, directrice générale de l'Association touristique régionale (ATR) de Duplessis, en Côte-Nord.

Le démarrage de la saison est tout aussi lent de l'autre côté du fleuve. «Le mois de juin a été difficile à cause du mauvais temps, note le directeur général de l'ATR de la Gaspésie, Sylvain Tanguay. Juillet a commencé lentement, mais on sent que les visiteurs sont au rendez-vous depuis une semaine et demie.»

C'est le calme aux Îles

Même constat chez les Madelinots. «C'est tranquille comparé aux années dernières, dit la responsable du marketing et des communications de Tourisme Îles-de-la-Madeleine, Anne Bourgeois. Ce n'est pas dramatique, mais il y a quand même une baisse.»

Même Charlevoix, qui pourrait profiter de la manne touristique du 400e de Québec, a un démarrage moins fort que l'an dernier. «Le mariage est chez nos voisins, alors on ne peut pas s'imaginer que la fête va se dérouler chez nous», fait remarquer le directeur général de Tourisme Charlevoix, Alyre Jomphe.

La faute au prix de l'essence?

Maintenant que le constat est fait, voici la question qui brûle les lèvres: est-ce la faute au prix de l'essence?

La réponse des associations touristiques est nuancée. Il est vrai que les tarifs de bateau et d'avion pour aller aux Îles-de-la-Madeleine ont augmenté. Vrai aussi qu'il en coûte un peu plus cher pour se rendre à destination.

Mais tout est une question de perception, et les journalistes porteraient une part du blâme, selon ce qui se dit dans le milieu touristique.

«Le prix de l'essence en tant que tel n'a pas d'impact, mais le monde pense que ça en a un, explique Anne Bourgeois. Il n'y a qu'une petite différence au niveau du tarif. Mais les médias en ont fait toute une peur. Ce n'est pas si dramatique que cela. Et aux Îles, tout est rapproché, donc ce n'est pas ici qu'on dépense le plus d'essence.»

«Au niveau de la perception des gens, le prix de l'essence peut avoir un impact négatif, dit Caroline Bujold, coordonnatrice des communications à l'ATR du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais c'est surtout la météo qui nous rentre dedans.»

L'alarmisme

«Cette année, les médias sont particulièrement alarmistes, dit Marie-Soleil Vigneault. S'il n'y avait pas eu tant d'articles, peut-être que les gens se seraient moins souciés du prix de l'essence. Ils auraient fait leur calcul pour se rendre compte que la différence n'est pas si grande.»

L'ATR de la Gaspésie a calculé que la hausse du prix du carburant représente un coût supplémentaire de 80$ à un Montréalais pour des vacances d'une semaine.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, on calcule 31$ de plus pour un aller-retour vers Saguenay.

Vive le mois d'août

Peu importe à qui est la faute, tout n'est pas perdu. Les vacances de la construction débutent à peine. Le report d'une semaine de cette tradition serait d'ailleurs l'une des causes du faible début de saison, selon les associations touristiques.

Surtout, le mois d'août s'en vient, fort de son nouveau statut officieux de mois où il fait bon prendre ses vacances.

«Le mois d'août devient le nouveau mois de juillet, note Stéphanie Lamarche, directrice des communications de Tourisme Abitibi-Témiscamingue. Les vacances se prennent de plus en plus à la dernière minute, de plus en plus tard.»

«Depuis cinq à sept ans, les vacances sont reportées au mois d'août, précise Sylvain Tanguay. Et on a de plus en plus de gros mois de septembre.»

L'été ne fait donc que commencer.

Et le marché pétrolier est dans une période d'accalmie, avec le baril autour de 130$. Reste à savoir si ça va durer.