Le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a mis mardi en garde contre toute «panique» en estimant cependant que la crise financière actuelle était sans précédent.

Le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a mis mardi en garde contre toute «panique» en estimant cependant que la crise financière actuelle était sans précédent.

«Le fait qu'un certain nombre de banques aux Etats-Unis sont en train de se restructurer ne doit pas faire céder à la panique», a déclaré au Caire M. Strauss-Kahn dans un entretien à l'AFP.

Pour M. Strauss-Kahn, «nous sommes face à une crise financière jamais vue» car elle est partie du «coeur du système», les Etats-Unis, et non de sa «périphérie» et a touché en simultané le monde entier.

«Certaines parties du monde sont plus ou moins touchées, mais le ralentissement est général. Toute l'économie mondiale va ralentir d'un demi-point à deux points» de croissance, y compris la Chine ou les pays d'Europe.

Il s'est montré convaincu que «des acteurs vont disparaître», en particulier aux États-Unis, avec la possible extinction «progressive» de la banque d'investissement indépendante, type Lehman Brothers ou Merrill Lynch.

«Ces événements rajoutent aux incertitudes, et des tensions financières ne sont pas exclure à court terme», a-t-il ajouté, d'autres grandes banques, en plus de Lehman Brothers, étant en mauvaise position.

Au sortir de la crise économique et financière actuelle, M. Strauss-Kahn a prédit «un secteur financier mondial beaucoup plus étroit».

Le patron du FMI a aussi considéré que les banques européennes qui, elles, marient plusieurs métiers, seront au final «moins touchées», et ne risquent pas «d'être mises par terre», comme leurs consoeurs américaines.

Évoquant des banques françaises, comme la BNP-Paribas, qui ont déjà fait état de leur exposition, il a souligné qu'il était «peu concevable qu'il en soit autrement puisque la plupart des banques européennes portaient une partie des titres d'établissements américains sous des formes diverses».

«Cela n'arrange pas leurs résultats, mais elle ne seront pas complétement mises par terre», a-t-il l'ancien ministre socialiste français de l'Economie et des Finances, devenu patron du FMI il y a exactement un an.

Mais il s'est refusé à comparer la crise 2008 à la crise de 1929.

«Ce qui est nouveau comporte plus de danger que ce qui se répéte, mais une des différences avec 1929 est que nous disposons d'instruments qui ne permettent pas d'éviter la crise mais d'en atténuer les conséquences et d'en corriger les effets», en particulier le FMI.

Créée en 1944 pour garantir le système monétaire international de l'après guerre, l'institution multilatérale basée à Washington intervient surtout aujourd'hui pour soutenir des pays connaissant des difficultés financières.

Le FMI intervient par des conseils et des aides. M. Strauss-Kahn a évoqué «plus d'une dizaine de cas de pays» en difficulté financière, notamment en Afrique, en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires.

Il a encore donné un satisfecit à la banque centrale européenne (BCE), souvent en butte aux critiques.

«Honnêtement, la BCE fait son travail, qui est d'éviter les tensions inflationnistes». Face aux tensions sur les prix, «c'est normal qu'elle mène une politique rigoureuse, et non laxiste», a-t-il estimé.

Mais il estimé que «des marges de manoeuvres pourraient se dégager» en 2009, «si comme nous le prévoyons pour l'année qui vient les tensions sur les prix ont tendance à baisser, comme c'est déjà le cas sur le pétrole».

M. Strauss-Kahn a indiqué que les prochaines prévisions économiques du FMI, attendues le mois prochain, tableraient sur une reprise à horizon 2009.

«Les turbulences actuelles rajoutent à l'incertitude mais on reste sur une prévision de reprise courant 2009», réaffirmant que si le ralentissement était «une réalité», on constate que «l'économie réelle est beaucoup plus résistante qu'on ne l'avait anticipé».