George W. Bush a demandé mercredi la levée de l'interdiction des forages pétroliers au large des États-Unis, se rangeant au côté du candidat républicain John McCain dans une campagne présidentielle dont le prix de l'essence est devenu un thème central.

George W. Bush a demandé mercredi la levée de l'interdiction des forages pétroliers au large des États-Unis, se rangeant au côté du candidat républicain John McCain dans une campagne présidentielle dont le prix de l'essence est devenu un thème central.

Ses adversaires démocrates se sont empressés de rejeter cet appel en assurant que la mesure ne changerait rien à court terme au prix de l'essence et en mettant MM. Bush et McCain dans le même sac.

Il paraît peu probable que le Congrès, où les démocrates sont majoritaires, accepte de lever l'interdiction en vigueur depuis 1981.

Et M. Bush lui-même a reconnu qu'il faudrait «des années» pour que sa proposition et trois autres faites mercredi produisent leur plein effet.

M. Bush a aussi demandé au Congrès:

- d'ouvrir à l'exploration une réserve naturelle arctique devenue le symbole de la résistance écologique à l'exploitation,

- de cesser de s'opposer au recours au schiste bitumineux, qui peut produire du pétrole,

- de réformer les procédures d'autorisation pour permettre d'étendre les capacités de raffinage.

Sa déclaration à la Maison-Blanche lui a donné l'occasion d'accuser directement les démocrates d'être coresponsables des souffrances des Américains à la pompe.

«Notre pays doit produire plus de pétrole et doit commencer à le faire dès à présent», a-t-il dit.

Or les démocrates du Capitole «ont rejeté pour ainsi dire toutes les propositions» pour augmenter les capacités pétrolières, «et les Américains paient à présent à la pompe le prix de cette obstruction», a-t-il dit.

Selon lui, l'exploitation de la plateforme continentale sous-marine pourrait produire 18 milliards de barils, autant que l'actuelle production américaine pour environ dix ans; il y a, dans un gisement de schiste entre le Colorado, l'Utah et le Wyoming, l'équivalent de trois fois plus que les réserves de l'Arabie saoudite; et les États-Unis pourraient retirer de l'Arctique l'équivalent de vingt ans d'importations de pétrole saoudien.

En poussant à la reprise des forages, M. Bush a mis son poids derrière M. McCain, qui s'était prononcé la veille pour une telle mesure.

Mais il a encore envenimé un débat électoral déjà vif sur l'énergie et l'environnement. Il a pris le risque de renforcer l'un des arguments des démocrates selon lequel une présidence McCain serait comme une troisième présidence Bush.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a dénoncé de la part de MM. Bush et McCain «un tour de passe-passe électoral et cynique qui ne fera pas baisser les prix»; «Vous pourriez commencer à forer demain et vous ne verriez pas une goutte de pétrole avant 2017», a dit l'ancien candidat à la présidence John Kerry.

Un haut conseiller de M. Bush, Keith Hennessey, a invoqué au contraire le signe qui serait lancé pour calmer les marchés: «Nous nous attendrions à ce que cela ait un effet sur les prix», même si «c'est très difficile à quantifier».

Les démocrates ont dénoncé la collusion entre MM. Bush et McCain et l'industrie pétrolière et gazière. Selon eux, les compagnies pétrolières ont en concession 275.000 kilomètres carrés sur terre et en mer où elles pourraient forer mais ne le font pas alors qu'ils pourraient générer 4,8 millions de barils par jour.

La question transgresse les appartenances. «La côte de Californie est un trésor international. Je ne soutiens pas la levée du moratoire sur de nouveaux forages pétroliers au large de notre côte», a dit le gouverneur Arnold Schwarzenegger, qui soutient pourtant la candidature de M. McCain.

Dans la famille Bush elle-même, le père George avait signé en 1990 un décret interdisant les forages quand il était président. Et le frère Jeb s'opposait aux forages quand il était gouverneur de Floride.