Le système financier américain est déjà dans la salle des urgences et va se diriger vers les soins intensifs, a estimé mardi l'ex-président de la Réserve fédérale, Paul Volcker, à Singapour.

Le système financier américain est déjà dans la salle des urgences et va se diriger vers les soins intensifs, a estimé mardi l'ex-président de la Réserve fédérale, Paul Volcker, à Singapour.

«J'ai bien peur qu'il y reste pendant une longue période avant un retour à la normale», a-t-il indiqué, en faisant une description particulièrement sombre du système économique actuel.

La crise qui a commencé aux États-Unis est devenue une crise mondiale qui nécessite une solution au niveau mondial, a-t-il estimé.

Les États-Unis semblent être en récession et il est à craindre que l'Europe soit dans la même situation, a indiqué M. Volcker, qui espère cependant que la série de mesures prises par les différents gouvernements du monde entier pour faire face à la crise permettra à cette récession d'être gérable et de courte durée.

L'ancien président de la Réserve fédérale a considéré que les renflouements et garanties pris par les États étaient «désagréables», car contradictoires avec le système capitaliste, mais, a-t-il poursuivi, ils sont cruciaux étant donné le climat actuel.

«Bien que désagréables, j'ai bien peur qu'ils ne soient nécessaires étant donné l'urgence de restaurer un peu de stabilité dans les marchés financiers», a-t-il reconnu devant un auditoire d'universitaires à la Lee Kuan Yew School of Public Policy.

Les gouvernements européens ont annoncé cette semaine des plans d'actions pour un montant de plus de 1000 G$ US afin d'empêcher la faillite de leurs banques et rétablir la confiance sur les marchés déboussolés par la crise mondiale.

Le président américain George W. Bush a de son côté dévoilé mardi de nouvelles mesures pour faire face à la crise financière, indiquant notamment que son administration allait utiliser une partie du plan de sauvetage de 700 G$ US pour entrer dans le capital de certains établissements bancaires.

«J'ai déjà vu un certain nombre de crises, mais je n'ai jamais rien vu qui ressemble à ça», a encore souligné M. Volcker.

Il a mis en avant le fait que cette crise reflète quelques tendances inquiétantes et intenables dans l'économie mondiale, en particulier dans l'économie américaine. Les États-Unis dépensent plus qu'ils ne produisent et ont un déficit de compte courant énorme avec le reste du monde, notamment avec l'Asie, a-t-il expliqué.