Portée par une demande d'aluminium qui ne se dément pas, Rio Tinto Alcan envisage d'augmenter sa production au Saguenay de 50% de plus que l'engagement pris auprès du gouvernement du Québec pour conserver son accès à de l'électricité pas chère.

Portée par une demande d'aluminium qui ne se dément pas, Rio Tinto Alcan envisage d'augmenter sa production au Saguenay de 50% de plus que l'engagement pris auprès du gouvernement du Québec pour conserver son accès à de l'électricité pas chère.

L'entreprise, qui s'était engagée à produire 400 000 tonnes de plus au Saguenay, envisage maintenant d'ajouter 200 000 tonnes de plus, a indiqué hier Jean Simon, président, Métal primaire, Amérique du Nord.

Les investissements requis par cet ajout de production passeront de 2,1 G$ US à au moins 3,5 G$ US.

En entrevue avec La Presse Affaires, M. Simon a expliqué que cette nouvelle production proviendra surtout de l'usine de Jonquière, qui sera la première à utiliser la technologie AP-50 mise au point par Péchiney et passée dans le giron d'Alcan, puis de Rio Tinto.

Cette usine-pilote, qui devait initialement avoir une production de 60 000 tonnes et servir de vitrine technologique, sera conçue pour produire 230 000 tonnes et, éventuellement, sa production pourra être augmentée à 400 000 tonnes.

«On peut imaginer un jour à Jonquière une usine de la taille de celle d'Alma à 400 000 tonnes», a illustré Jean Simon.

En même temps, Rio Tinto Alcan veut mener à bien l'expansion de l'usine d'Alma, dont la production passera de 400 000 à 570 000 tonnes.

Ces deux projets, qui devaient être faits l'un après l'autre, seront menés en même temps, a fait savoir M. Simon.

«Ce qu'on regarde maintenant, c'est s'il est possible de faire ces deux projets presque ensemble, a-t-il dit. On est très confiant en notre technologie. On est prêt à aller plus rapidement.»

La crise financière actuelle et la menace d'une récession aux États-Unis qui pourrait gripper la machine économique mondiale n'ont pas l'air d'inquiéter Rio Tinto Alcan. «On voit une demande qui continue à être soutenue dans le temps, des prix soutenus et c'est ce qui nous fait avancer avec nos projets», a commenté Jean Simon.

L'entreprise voit aussi plus loin que le cycle économique normal. Ses installations de production ont une durée de vie de 40, 50 ou 60 ans, a-t-il rappelé.

En plus de ces investissements au Québec, Rio Tinto Alcan poursuit l'expansion de son usine de Kitimat, en Colombie-Britannique, dont la production sera augmentée de 125 000 tonnes.

L'entreprise vient aussi d'inaugurer une aluminerie à Oman, dont la production actuelle de 350 000 tonnes pourrait être portée à 60 0000 tonnes.

Rio Tinto Alcan a abandonné un projet d'usine en Afrique du Sud, en raison d'une pénurie d'énergie, mais en a deux autres dans ses cartons, un en Arabie Saoudite et l'autre en Malaisie.

Au Québec, les projets de Rio Tinto Alcan signifient «un chantier d'une durée de 8 à 10 ans, très intense», selon Jean Simon.

L'entente conclue avec le gouvernement du Québec prévoit aussi la fermeture de deux des plus anciennes installations d'Alcan, à Beauharnois et à Shawinigan, d'ici 2015. «On gère aussi cette transition», a fait savoir M. Simon, en précisant que la fermeture de Beauharnois était prévue pour la fin de 2011 et celle de Shawinigan pour 2013.

Siège social repensé

L'entente conclue entre Alcan et le gouvernement du Québec en 2006 et que son nouveau propriétaire Rio Tinto s'est engagé à respecter prévoit aussi l'agrandissement du siège social de la rue Sherbrooke à Montréal.

Alcan avait acheté un immeuble voisin appartenant à l'Armée du Salut qui devait devenir une extension de son siège social.

Selon M. Simon, le projet a été revu par Rio Tinto, qui en venue à la conclusion que ces locaux supplémentaires étaient nécessaires. «Le siège social a évolué, a-t-il dit. Mais ça demeure une plaque tournante pour les décisions en ce qui concerne l'aluminium.»

Rio Tinto a aussi déplacé à Montréal une partie des services requis par autres opérations en Amérique du Nord, notamment en matière d'approvisionnement et d'informatique.