Avec la crise financière en fond de scène, le gouvernement fédéral et les provinces devraient se rencontrer rapidement après les élections pour s'entendre sur un plan d'action pour limiter les dégâts.

Avec la crise financière en fond de scène, le gouvernement fédéral et les provinces devraient se rencontrer rapidement après les élections pour s'entendre sur un plan d'action pour limiter les dégâts.

C'est ce qu'a indiqué hier le premier ministre Jean Charest, qui, la veille, avait plutôt limité aux seules provinces une invitation pour discuter des bouleversements des marchés et de leur impact sur l'économie. Il a ajusté le tir après que Mario Dumont ait lancé l'idée hier. «J'ai indiqué aux premiers ministres (provinciaux) que nous allions inviter le fédéral à être là», a tenu à ajouter hier M. Charest hier - la veille il parlait d'une rencontre du Conseil de la fédération.

Au sortir de rencontres distinctes avec Pauline Marois et Mario Dumont, M. Charest n'a pas caché être déçu de ne pas avoir reçu de propositions concrètes de l'opposition.

Pas question d'un «mini budget» cet automne. Ni M. Dumont ni Mme Marois «n'ont demandé quelque chose de spécifique pour le secteur manufacturier» a soutenu M. Charest.

Pour le reste, M. Charest a promis que le débat sur la situation économique à l'Assemblée nationale suivrait rapidement la publication des plus récentes données sur la situation financière du Québec, un document que publiera la ministre Jérome Forget, «à la fin d'octobre».

Tant Mario Dumont que Pauline Marois ont assuré le premier ministre de leur collaboration pour que les gestes décidés se transforment rapidement en réalité. «Si le gouvernement a besoin de notre collaboration, pour nous, le message est clair, il faut minimiser l'impact du ralentissement économique sur la population, cela doit passer largement au dessus de l'esprit partisan» a dit M. Dumont.

«On verra à la fin de la session parlementaire si les choses ont avancé, c'est comme ça que les choses se mesurent» a dit Mario Dumont. Il se défend de n'avoir pas fait de proposition: «on n'est pas au gouvernement, on ne peut que faire des suggestions» observe-t-il.

Hypothèses contraires à la réalité

Ce dernier a ironisé sur la position de Jean Charest qui soutenait que le gouvernement avait prévu la tourmente actuelle et que, pour en réduire l'impact, on avait procédé à un vigoureux programme d'investissement public dans les infrastructures. "Ils ont fait ça parce que les viaducs nous tombaient sur la tête" de lancer M. Dumont.

«Allez relire le dernier budget, on y dit noir sur blanc que l'année 2008 en serait une de forte croissance aux États-Unis. On marchait sur des hypothèses contraires à la réalité» observe M. Dumont.

Au cours des derniers jours, le gouvernement semble prendre acte de l'ampleur de la crise, «il y a un rapprochement entre les partis sur la perception résume l'adéquiste. Il y a une lecture commune que la crise financière va affecter nos exportations.»

Pour lui, la Commission de l'administration publique pourrait identifier des pistes de solutions. Aussi, les contribuables devraient être assurés d'être protégés contre un choc tarifaire l'an prochain.

Mario Dumont dit avoir suggéré qu'on demande à tous les élus d'identifier des projets qui stagnent, qui nécessitent un coup de pouce pour avancer dans les dédales administratifs. «Il m'a répondu qu'on est déjà sur un fast track», a dit M. Dumont. Du côté de Jean Charest, un adjoint souligne que la délégation adéquiste - Sébastien Proulx, député de Trois-Rivières, et Alain Sans Cartier le chef de cabinet accompagnait M. Dumont - n'a pu identifier avec précision un seul projet à accélérer.

De son côté, Pauline Marois a indiqué qu'elle serait désormais prête à considérer l'idée d'une simple «entente administrative» avec Ottawa sur la maîtrise d'oeuvre en Culture. Elle va tout de même déposer à l'Assemblée nationale une motion réclamant le rapatriement pur et simple de cette compétence au Québec. "C'est une approche administrative qu'on propose, quitte à la constitutionnaliser par la suite", explique Jean Charest.

Débat économique

«On va faire d'abord le débat économique», a assuré Mme Marois. Ces échanges surviendront dès l'ouverture de l'Assemblée nationale, après le 21 octobre. Avec M. Charest «la discussion a été bonne. Il a accepté d'avoir un débat après qu'on ait eu les chiffres sur la situation économique», a-t-elle souligné.

Elle dit espérer que le gouvernement «déposera des mesures, car jusqu'ici, tout ce qui est annoncé était déjà dans le budget».

«Le problème ne se limite pas au secteur financier, c'est toute l'économie, les régions qui sont touchées» a-t-elle prévenu.